Transcript
Karim Miské
Je pense… il y avait, y a une chose comme… Bon, c’est un livre qui parle de la France multiculturelle, on va dire, donc y a pas un genre, non plus, tout ce genre de littérature, disons, qu’on appelle postcoloniale, est très présent, justement, en Angleterre, mais très peu en France, ou alors en France ça va être considéré comme une littérature de ghetto, la littérature dite de banlieue. Donc, c’est sûr que l’intérêt des gens, c’était : « Ah, ça, c’est un Paris qu’on connaît pas. » Ça se passe dans le dix-neuvième arrondissement. C’est loin des quartiers touristiques. Il y a des Arabes, des Juifs, des Noirs. C’est pas ce qu’on connaît. Nous, on connaît Beaubourg et le Paris, le vieux Paris blanc, quoi. Donc tout d’un coup, il y avait quelque chose, d’une image de la France qui était moins poussiéreuse, on va dire.
Intervieweuse
Ils découvrent le 19e arrondissement ?
Karim Miské
Oui, et puis il découvre que la France n’est pas qu’un pays blanc et catholique aussi, accéssoirement.
Dominique Manotti
[…] Mais moi, par exemple, j’ai été extrêmement surprise en allant au festival à Bristol, qui est un grand festival anglais. Y avait une… y avait, enfin, une table ronde Euro Polar. Le seul étranger, c’était un Suédois. Lui, il était vraiment Suédois. Et puis, il y avait moi. Et les autres, c’était un Anglo… un Anglais qui passe ses vacances en Grèce et qui fait donc des polars sur la Grèce, un Anglais qui passe des vacances en France et qui fait donc des polars sur la France, etc., etc. Et je trouve que vraiment, c’est... c’est un point important que ce soit des Français qui parlent de la France.
Intervieweuse
À la question que je me posais aussi, je m’adresse à vous, Dominique Manotti. Qu’est-ce qu’ils attendent ? Qu’est-ce qu’ils apprécient, les éditeurs étrangers ? Est-ce que vous, vous pouvez, par exemple, l’Or noir, ça nous plonge dans Marseille dans les années soixante-dix, donc c’est vraiment une histoire française. Est-ce que, justement, ce qu’ils apprécient, ce sont les histoires françaises qui peuvent leur ouvrir les portes sur un monde qu’ils ne connaissent pas ? Ou est-ce que les éditeurs étrangers, c’est peut-être Amélie qui va répondre à cette question, attendent aussi du polar français quelque chose de plus universel où chacun d’entre nous peut s’identifier ?
Dominique Manotti
Écoutez, là, bon, moi, moi, j’ai une, j’ai une position, je sais pas du tout si c’est celle de… L’universel ne s’atteint qu’à travers le particulier. Plus vous creusez vos situations locales, nationales, votre votre culture, plus c’est intéressant. Visez l’universel, c’est… enfin, bon, mais ça, c’est une question de choix. Moi, je sais, si vous voulez, que… dans les, dans les différentes rencontres que je peux avoir dans les différents pays, c’est évidemment le fait que je fasse des polars extrêmement français, qui est, qui est apprécié. Mais c’est aussi, si vous voulez, c’est pour ça que j’étais un peu sceptique sur la vague suédoise, c’est la vague suédoise quand même, alors, il y a, il y a des choses que moi j’ai beaucoup aimé comme Millénium.