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Nous sommes dans un quartier populaire de Marseille qui est la Belle-de-Mai. Et le cinéma le Gyptis dans lequel nous nous trouvons a été créé en 1913. Au cours de sa vie, il est devenu ensuite un théâtre et puis redevenu un cinéma et il vient d’avoir l’an dernier la labélisation « Art et Essai ». Alors la labélisation « Art et Essai » permet au cinéma de bénéficier d’accompagnements institutionnels, dont l’accompagnement financier, pour supporter la diffusion de films qui ne sont pas des films grand public.
La différence entre un cinéma d’Art et Essai et les grands complexes cinématographiques tient sur un point essentiel qui est l’argent. Dans les cinémas d’Art et d’Essai le prix des places se situe entre 2€50 et 6€. Dans les cinémas, dans les complexes industriels la place est entre 10 et 15€. Dans les cinémas d’Art et d’Essai il y a aussi la diffusion de films qui ne sont pas des films grand public, qui n’ont pas eu des budgets de production démesurés, mais ce sont souvent des films qui touchent au sensible, qui portent un message. Ce peut être un message social, un message écologique, un message de la cité, suivant l’envie et l’inspiration du réalisateur.
Le cinéma engagé a une place importante en France et plus particulièrement à Marseille avec René Allio qui participait à la création du Centre méditerranéen du cinéma il y a une cinquantaine d’années. Et puis Paul Carpita qui au lendemain de la guerre a tourné un film dont le titre est “Sur les quais” qui racontait l’histoire des grévistes dockers de Marseille. Et puis celui qui aujourd’hui est très connu, qui est Robert Guédiguian, qui a lui aussi montré la vie des gens, la vie, la vraie vie et non pas la vie inventée. Le Printemps du film engagé prend ses racines dans l’université populaire d’Aubagne. En fait c’est en rentrant d’une conférence qui était donnée par un intervenant qui nous parlait d’histoire. Et il me dit, je le raccompagnais chez lui, il me dit: « qu’est-ce que tu dirais si on créait un Printemps? Un festival du film à Marseille, mais un festival du film un peu politique, où on dit les choses ». J’étais en train de conduire et je lui ai dit : « banco ! » mais je savais pas à quoi je m’attendais. Et ce Printemps du film engagé a vu sa première édition en 2016. Et là aussi on y traite, ben, des sujets de société et d’actualité. On a traité d’une anecdote qui s’était passée dans l’Hérault où une cellule avait envoyé des menaces de mort à des politiques et le GIGN s’était mobilisé. Et ce film c’est « la cigale, les poulets et le corbeau ». On y a traité également de la situation du Front national, où il prend ses racines et qu’est-ce qu’il est aujourd’hui. On a traité également d’environnement avec le film qui a été tourné par Fokus 21 qui est la génération climat. On a traité également de la situation des femmes avec un film qui est « Maso et Miso », elles sont dans un bateau, donc c’est comment l’un et l’autre se comporte. Donc dans ce printemps du film engagé on traite bien évidemment des sujets éminemment politiques. La particularité, c’est que notre envie, et en tout cas notre objectif c’est d’ouvrir la parole pas seulement à des universitaires, des sachant mais surtout aux gens de la rue qui ont une parole, qui est aussi au moins importante que celle qui sont dans les mouvements engagés.