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Module 3 : Etudes de questions relatives à la communauté et à la citoyenneté

Section numéro 1 : Les conditions de la citoyenneté

Question clé: Comment pouvez-vous organiser vos élèves de différentes façons afin qu’ils améliorent leur compréhension de la citoyenneté  ?

Mots clés: organisation de la classe ; classes nombreuses ; évaluation de l’apprentissage ; capacités de réflexion ; citoyenneté ; droits ; responsabilités

Résultats de l’apprentissage

À la fin de cette section, vous aurez :

  • amélioré vos compétences permettant de faire le lien entre ce que vos élèves savent déjà et ce qu'ils vont apprendre au sujet de la citoyenneté,
  • trouvé différentes façons d’aider les élèves à découvrir les responsabilités dans une communauté,
  • organisé une assemblée à l'école.

Introduction

Les classes nombreuses présentent des défis particuliers pour les enseignants – en particulier si ce sont des classes à niveaux multiples (voir la ressource clé : Travailler avec des classes à effectif lourd ou à niveaux multiples). Dans cette section, nous faisons des suggestions quant à l’utilisation de différents types de gestion de classe destinés à améliorer la compréhension de la citoyenneté par les élèves.

Simplement parler aux élèves de leurs rôles et de leurs responsabilités en tant que citoyens aura moins d'impact que les impliquer dans des expériences actives. Cette section vous aide à réfléchir à différentes façons de faire le point de leurs connaissances et d'utiliser cela pour améliorer leur compréhension.

1. Discuter des droits et devoirs des personnes en binômes et en groupes

Tous les citoyens, y compris les enfants, ont des droits et des devoirs (responsabilités), mais ces droits et ces devoirs sont différents d’une personne à l’autre. De manière à faire comprendre cela aux enfants, il faut qu’ils explorent ce que les droits et les responsabilités signifient pour eux, qu'ils partagent leurs découvertes avec les autres élèves et qu'ils prennent en compte les différences. Pour ce faire, ils doivent en discuter soit avec la classe entière, soit en binômes, soit en groupes.

La citoyenneté est une notion difficile à appréhender pour les jeunes élèves, et ils peuvent ne pas comprendre ce concept immédiatement. C'est par conséquent une bonne idée de relier la notion de citoyenneté à quelque chose qu'ils connaissent – comme le type de travaux qui sont effectués à la maison. Avec les élèves les plus âgés, vous pourrez explorer ce sujet plus en détail et améliorer leur compréhension en réfléchissant à leurs rôles et leurs responsabilités dans la communauté au sens plus large.

Étude de cas 1 : Utilisation de groupes de table pour discuter des droits et des devoirs dans la famille

Mme Akogo est enseignante à l’école primaire de Lavié, dans le sud-ouest du Togo. Elle a une classe de cours élémentaire deuxième année (CM2) dont les 62 élèves sont répartis en groupes de cinq autour de chaque table. Ce n’est pas facile de déplacer les enfants ou les bureaux, alors elle a utilisé des groupes de table pour discuter des tâches que les élèves doivent effectuer à la maison. Elle choisit la méthode du travail en groupes parce qu’elle veut s’assurer que tous les élèves ont une chance de faire partager leurs idées.

Pendant qu’ils discutent de leurs tâches durant dix minutes, elle se déplace dans la classe, en s’assurant que personne ne domine la discussion et en rappelant à chaque groupe de réfléchir aux trois tâches sur lesquelles ils doivent faire un compte-rendu.

Les élèves trouvent que c’est un travail facile. Au fur et à mesure que les groupes donnent leurs réponses, Mme Akogo écrit chaque nouvelle tâche au tableau. Elle trouve intéressant le fait de se rendre compte que la plupart des filles aident leurs mères dans les tâches ménagères, comme le nettoyage, la cuisine et surveiller les plus petits. La plupart des garçons aident leurs pères et leurs oncles à aller chercher du bois et de l’eau, et certains d’entre eux travaillent dans les champs et dans les jardins. Les élèves ont une discussion intéressante à propos du rôle différencié en fonction du sexe dans la maison.

Mme Akogo demande alors s’ils peuvent dire quelles choses ils sont libres de faire dans leur famille. Les élèves trouvent ce travail plus difficile, alors elle les encourage à discuter en groupe de nouveau, avant de faire un compte-rendu. Mme Akogo écrit leurs réponses sur le tableau et explique que les choses qu’ils sont libres de faire sont leurs « droits ». Elle vérifie qu’ils comprennent bien la différence entre les droits et les devoirs.

Voir la Ressource 1 : Droits et devoirs des enfants -  : une liste des droits et des devoirs de ses élèves à la maison.

Activité 1 : Travail en binômes pour discuter des droits et des devoirs dans la famille

  • Discutez du mot « devoirs » (dans le sens droits et devoirs du citoyen, par exemple) avec votre classe, et assurez-vous que les élèves comprennent ce que ce mot signifie.
  • Demandez-leur, en binômes (groupes de deux), de discuter et de faire la liste des tâches qu’ils doivent faire à la maison.
  • Après dix minutes, demandez à chaque binôme à tour de rôle de dire une tâche différente, et faites-en une liste au tableau (de nombreux enfants auront les mêmes tâches). Assurez-vous qu’ils ont tous bien compris ce que sont leurs devoirs, autrement dit, les tâches qu’ils doivent faire. Demandez à chaque élève d’inscrire sa propre liste de tâches dans son cahier.
  • Ensuite, demandez aux binômes de discuter des choses qu’ils sont libres de faire à la maison (comme lire des livres, aller prier, aller à l’école, jouer à l’intérieur ou à l’extérieur).
  • Faites la liste de leurs idées au tableau, et explorez ce qu’ils ont compris à propos de ce que sont leurs « droits ».
  • Demandez-leur de faire la liste et de dessiner les choses qu’ils aiment faire le plus – que ce soient des droits ou des devoirs.

Avez-vous trouvé que le travail en binômes était facile à organiser  ? Si oui, pourquoi  ? Si non, pourquoi  ?

Comment modifieriez-vous cette activité pour l’améliorer la prochaine fois  ?

Est-ce que les connaissances et les idées des élèves ont été une surprise pour vous  ?

2. Droits et devoirs au sein d’une communauté - Inviter des représentants de la communauté dans la classe

Nous vivons tous en groupe ou en famille. Notre famille fait partie d'un groupe – comme un village, ou une communauté. À l’intérieur de notre communauté, nous avons des droits et des devoirs.

Cela signifie que nous devons faire certaines choses dans la communauté, et que la communauté doit faire certaines choses pour nous, ou nous offrir certaines choses. La Ressource 2 : Code de l’enfant au Togovous aideront à préparer ce sujet.

Les élèves doivent pouvoir rencontrer des personnes expertes qui veulent bien leur parler de leurs idées sur le sujet. Cela les aidera à comprendre quelles sont leurs responsabilités dans la communauté et à les motiver à apprendre. Avant qu’un intervenant ne vienne dans votre classe, vous devez penser à déplacer les meubles pour rendre l’atmosphère plus accueillante. Cela aidera le visiteur à se sentir plus à l'aise. Cela aidera aussi les élèves à apprendre, parce qu'ils pourront mieux voir et entendre. Voir la ressource clé : Utiliser l’environnement locale et la communauté pour favoriser l’apprentissage, pour plus d’informations.

Étude de cas 2: Organiser la classe pour discuter des responsabilités en communauté

M. Ettey voulait que ses 68 élèves du cours élémentaire deuxième année (CE2) discutent de leurs responsabilités dans la communauté. Il a décidé que la configuration de la classe n’était pas pratique pour la discussion de groupe, alors il a fait le plan d’une nouvelle répartition des bureaux. Il en a discuté avec son chef d’établissement qui a approuvé la modification. Avec un autre enseignant pour l’aider, il a réorganisé la classe en huit groupes, chacun avec trois tables regroupées pour accueillir six élèves. Le jour suivant, les élèves étaient tout excités de voir que la classe était différente. M. Ettey leur a expliqué que cette disposition signifiait qu'ils pourraient avoir plus de discussions par groupes.

Il a demandé aux élèves de discuter, dans leurs groupes, de ce que la communauté leur apporte – les droits des personnes qui vivent dans cette communauté. Mais tout d’abord il leur a expliqué qu’il fallait parler chacun à son tour dans les groupes, et écouter les autres avec respect. Chaque groupe devait faire une affiche montrant les différentes choses que la communauté apporte à ses membres, en tant que droits.

Ses élèves savaient qu’ils avaient aussi des devoirs en plus de leurs droits. Dans leurs groupes, ils ont aussi discuté de ce que leurs devoirs étaient dans la communauté, et ils ont noté ceux-ci sur leur affiche, dans une couleur différente – avec une légende.

Toutes les affiches ont été accrochées au mur, afin que les groupes puissent voir les idées de tout le monde. Ils ont ensuite eu une discussion finale pour déterminer quels étaient les droits et les devoirs les plus importants.

Activité 2: Utiliser des experts locaux pour motiver les élèves

  • Discutez avec vos élèves de leurs devoirs dans la communauté.
  • Guidez leur discussion pour qu’ils parlent du souci de l’environnement, du respect des autres et de la propriété, de l’attention portée aux autres. Organisez la classe en groupes, et demandez à chacun des groupes de faire une affiche, ou d’écrire un poème ou une histoire, ou de faire un dessin pour montrer ses idées.
  • Discutez de leurs droits dans la communauté – aidez-les à comprendre qu’ils ont un droit à l’éducation, aux soins médicaux, à la sécurité dans les rues et chez eux, ainsi que celui d’exprimer leurs opinions.
  • Discutez des dirigeants de la communauté et des autres personnes importantes de votre communauté. Faites une liste de toutes les personnes qui sont au service de la communauté.
  • Décidez de la personne dont vos élèves aimeraient avoir la visite à l’école, qui leur parlerait de son travail pour la communauté. Cela pourrait être un ancien du village, un chef de communauté, un dirigeant politique, une infirmière, un bibliothécaire, un officier de police ou un chef religieux.
  • Voir la ressource clé : Utiliser l’environnement local et la communauté pour favoriser l’apprentissage, pour y trouver de l’aide. Organisez la visite et préparez avec votre classe des questions que vous allez poser au visiteur.
  • Après la visite, discutez avec les élèves de ce qu’ils ont découvert à propos du travail du visiteur.

3. Préparer une assemblée d’école sur le thème « Être un bon citoyen »

Pour avoir le titre de citoyen d’un pays, vous devez correspondre à certains critères. Ceux-ci sont généralement indiqués dans la Constitution. Essayez d’obtenir une copie de la Constitution de votre pays et voyez ce qui y est écrit. La Ressource 3 : Qualifications pour être citoyen du Togo fait la liste des critères de qualification pour être citoyen.

Une des façons d’explorer les idées de vos élèves sur la citoyenneté est donnée dans l’Étude de cas 3.

Les assemblées à l’école peuvent marquer la fin de l’étude d’un sujet d’une manière qui va motiver vos élèves. La manière de préparer une assemblée à l’école est décrite dans l’Activité clé.

Étude de cas 3: Une visite du président de l’administration locale pour discuter de la citoyenneté

Mme Odou, enseignante dans une petite école rurale du Togo, a invité le président de l’administration locale à rendre visite aux 56 élèves de sa classe de cours moyen première année (CM1). Le président de l’administration locale a apporté avec lui une photo du Président du pays, le drapeau national, les armoiries et l’emblème nationaux, sa carte d’identité et son passeport. Il a expliqué aux élèves l’importance de toutes ces choses lorsqu'on est togolais. Il a aussi expliqué ce que symbolisent les différentes parties du drapeau. Ils ont ensuite chanté l’hymne national et fait une liste de tous les événements qui sont l’occasion de le chanter.

Après la visite, Mme Odou a réparti la classe en petits groupes autour de leurs tables et leur a demandé de discuter de la raison qui fait qu’il est important pour eux d’être citoyens du Togo. Elle a fait le tour de la classe et a guidé les groupes pour qu’ils restent concentrés sur le travail, et que chacun écoute les idées des autres.

Ensuite, elle leur a demandé de travailler individuellement, et d'écrire leurs propres raisons sur leurs cahiers. Elle a ramassé leur travail et a pu évaluer tout ce que chaque élève avait appris à propos de la citoyenneté. Il y avait cinq élèves dont les raisons étaient moins développées et pendant la récréation, Mme Odou a discuté avec eux de ces raisons pour savoir s’ils avaient compris les idées.

Activité clé : Présentation de ce qui a été appris lors d’une assemblée à l’école

Demandez à votre chef d’établissement si vous pouvez organiser une assemblée à l’école sur le thème « Être un bon citoyen ».

  • Discutez avec votre classe de ce que le contenu de l’assemblée pourrait être.
  • Chaque groupe prépare son intervention et les ressources nécessaires. Vous pouvez éventuellement suggérer à vos élèves que les choses suivantes doivent être incluses :
    • Qui est un citoyen  ?
    • Les droits et les devoirs à la maison.
    • Les droits et les devoirs dans la communauté.
    • Les symboles de l’identité nationale – drapeau, hymne, cartes d’identité, armoiries, passeports.
    • Qu’est-ce qui est important pour être un bon citoyen  ?
  • Donnez aux groupes des tâches différentes et laissez-leur le temps de préparer leurs interventions – le temps de préparation peut-être réparti sur plusieurs cours.
  • Donnez-leur un objectif clair afin que chaque élève fasse un travail que vous pourrez utiliser pour évaluer ce qu’il ou elle a appris.
  • Encouragez les élèves à écrire des poèmes ou des textes qu’ils liront, à peindre des drapeaux ou à trouver un texte qu’ils voudront lire ou utiliser.
  • Mettez-vous d’accord sur l’ordre des présentations, puis commencez les répétitions.
  • Présentez votre assemblée à l’école.

Ensuite, discutez avec les élèves de ce qui a bien marché et de ce qui aurait pu être amélioré. Est-ce qu’ils ont pensé que le reste de l’école a bien compris la question de la citoyenneté  ?

Ressource 1 : Droits et devoirs des enfants – liste de la classe de Mme Akogo

Exemple de travail d’élèves

Nos devoirs sont :Nos droits sont :
Nettoyer la maisonAvoir un endroit où vivre – logement
Aller chercher du bois ou de l’eauAvoir de la nourriture pour manger
Surveiller les enfants plus jeunesAvoir une protection contre ce qui pourrait arriver de mal
Faire la cuisineRecevoir des soins des adultes
Travailler la terreRecevoir des soins médicaux en cas de maladie
Écouter les plus anciens ou leur obéir Aller à l’école

Ressource 2: Code de l’enfant au Togo

Information préliminaire ou connaissance du sujet

Dans le cadre de la convention des Nations Unies sur les Droits de l’Enfant qui a été établie en1990, le Togo par la Loi nº 2007/017 du 6 juillet 2007 a défini le Code de l’Enfant au Togo.

Ce dernier a pour objet la protection et la promotion des droits de l’enfant mais stipule également ses devoirs.

Les droits de l’enfant 

Ces droits sont :

  • le droit au nom ;
  • le droit à la nationalité ;
  • le droit à un domicile, à une famille ;
  • le droit à des libertés: liberté de pensée, de conscience et de religion, au secret de la correspondance et ses communications.

Toutefois les parents conservent le droit d’exercer un contrôle raisonnable sur la conduite de l’enfant.

  • le droit d’être reconnu par ses parents (père et mère). Il a droit à une filiation par le lien de sang ou par adoption.
  • le droit de jouir des biens de ses parents de leur vivant comme à la santé ;
  • le droit à l’alimentation ;
  • le droit à l’éducation et à la formation professionnelle ;
  • le droit aux loisirs et aux activités récréatives et culturelles ;
  • le droit à la protection en cas d’infraction, à la protection contre la violence physique ou morale en milieu familial, scolaire ou institutionnel, à la protection contre l’abus sexuel, contre l’abandon et la négligence, contre l’atteinte à l’état civil.
  • la protection contre le travail, la traite, la vente et la mendicité.

Les devoirs de l’enfant.

Tout enfant togolais a des devoirs envers ses parents, sa famille, la société, l’Etat et toute autre communauté y compris la communauté internationale.

A l’exception des restrictions contenues dans le Code de l’enfant de la République Togolaise l’enfant au Togo a le devoir :

  • de respecter ses parents, ses supérieurs et les personnes âgées en toutes circonstances et les assister si cela est nécessaire ;
  • de respecter les autres enfants ;
  • de respecter son identité, sa langue, ses valeurs culturelles et nationales ;
  • de respecter son milieu naturel et d’œuvrer à sa protection ;
  • de respecter la Constitution et les autres Lois de la République ;
  • d’œuvrer au respect des droits de l’homme et des droits de l’enfant ;
  • de respecter les droits, la réputation et l’honneur d’autrui ;
  • d’œuvrer pour la cohésion de sa famille et pour le bien de la communauté nationale et internationale
  • d’œuvrer à la sauvegarde de l’ordre public, de la santé et de la moralité publiques
  • d’œuvrer à la promotion et à la réalisation de l’unité nationale et africaine.

Ressource 3: Qualifications pour être citoyen du Togo

Information préliminaire ou connaissance du sujet

Section numéro 2 : Comment examiner les questions relatives aux différences entre hommes et femmes

Question clé: Comment pouvez-vous utiliser des stratégies interactives pour discuter des questions relatives aux différences perçues entre les genres  ?

Mots clés: genre ; jeu de rôles ; stéréotype ; groupes non-mixtes ; questionnaire ; experts locaux

Résultats de l’apprentissage

À la fin de cette section, vous aurez :

  • exploré les attitudes envers la différenciation entre les genres par du travail de groupe non mixte ;
  • utilisé un jeu de rôles en inversant les genres pour mettre en avant les stéréotypes ;
  • utilisé des experts locaux et le théâtre pour partager des idées sur les questions relatives aux différences perçues entre les genres.

Introduction

Il y a certains comportements dans la société qui sont souvent vus comme appropriés pour les garçons ou pour les filles, mais pas pour tout le monde. Certains de ces comportements peuvent affecter négativement l’estime d’eux-mêmes et les aspirations qu’ont les garçons ou les filles, et les gêner lorsqu'il s'agit d'apprendre en classe. Les chercheurs remarquent que les filles sont souvent timides pour parler en classe, et parfois ne donnent pas les réponses même quand elles les connaissent.

Les activités de cette section vont vous permettre d’explorer les stéréotypes liés au genre avec votre classe et de voir les rôles qui y sont liés de manière plus positive.

La Ressource 1 : Questions relatives aux différences perçues entre hommes et femmes offre un contexte de certaines des questions relatives au genre.

1. Utiliser le travail de groupes pour explorer les questions liées au genre

Les stéréotypes liés au genre, bien qu’il s’agisse d’un problème social beaucoup plus large, commencent à la maison. Sans le réaliser, de nombreux adultes traitent les garçons et les filles de leurs familles d’une façon différente – cela a toujours été ainsi. Ils ne voient donc aucune raison de changer.

Un tel comportement, constant, fait que les filles en particulier pensent que « c’est comme ça que sont les choses » et qu’elles ne peuvent rien y faire. Les garçons acceptent aussi la situation parce qu’elle a tendance à leur être favorable.

Vous pouvez explorer ces différences avec vos élèves en travaillant par groupes non mixtes de façon à aider vos élèves à parler de leurs propres comportements et de ce qu’ils croient.

Dans une précédente étude de cas (module 2, section 2, étude de cas 2), un professeur demandait à ses élèves d’apporter les règles de la famille en classe. C'est alors que la classe a constaté qu’il y avait des règles différentes pour les garçons et les filles. Elle a décidé de préparer des cours sur les rapports entre hommes et femmes, plus tard dans le trimestre. Étude de cas 1 montre ce qui s’est passé lors d’un de ces cours.

Étude de cas 1 : Utilisation du théâtre pour explorer les questions relatives aux différences perçues entre les genres

L’enseignante, Mme Djobo, avait trouvé la liste des règles des familles lors d’un cours précédent avec sa classe de cours élémentaire première année (CE1) à l'école primaire de Kparataou. Elle a réfléchi à la manière d'explorer les questions relatives au traitement différent des garçons et des filles dans la famille et a pensé que l’art dramatique serait une bonne méthode. Voir la Ressource clé : Utiliser les jeux de rôle, l’expression orale et l’art dramatique dans la classe, pour y trouver des idées.

Elle a réparti la classe en groupes « familiaux » de différentes tailles, les élèves jouant différents membres de la famille. Un groupe était constitué de seulement quatre personnes, un autre groupe de 11 personnes. Elle a demandé aux groupes de faire une pièce de théâtre au sujet d’une famille, montrant comment garçons et filles sont traités.

Elle leur a laissé tout le cours pour la préparer et a fait le tour de chaque groupe pour les aider et leur apporter son soutien. Elle leur posait des questions du type « Alors, qu’est-ce qui s’est passé après  ? » « Comment pourriez-vous…  ? »

Elle leur a demandé d’apporter des objets qui permettraient d’identifier les différentes personnes de la famille et de répéter leurs scènes pendant les pauses.

Lors des cours suivants, les groupes ont joué leur scène à tour de rôle et la classe entière a ensuite discuté de ce qu’ils avaient vu. Après avoir regardé toutes les scènes et en avoir discuté, ils se sont rendu compte que les filles avaient moins de liberté de choix que les garçons. Ils ont voté pour décider de ce qui était juste ; la classe s’est mise d’accord sur le fait que les garçons et les filles devraient avoir des chances égales et qu’il ne faut empêcher personne de faire des activités ou un travail à cause de son genre.

Activité 1 : Travail par groupes du même genre

Pour aider vos élèves à explorer et à expliquer ce qu’ils ressentent au sujet du rôle de chacun des genres, cette activité se base sur des groupes du même genre.

  • Donnez à chacun de vos élèves le questionnaire qui se trouve en Ressource 2 : Différences entre les genres – qu’en pensez-vous  ? et expliquez-en le fonctionnement à la classe entière.
  • Donnez-leur dix minutes pour remplir le questionnaire.
  • Chaque élève montre ses réponses à son voisin ou sa voisine et ils en discutent.
  • Répartissez la classe en groupes du même genre, chaque groupe comptant entre cinq et sept élèves.
  • Chaque groupe prépare une liste des différentes activités faites par les membres du groupe :
    • les jours d'école ;
    • les week-ends ;
    • pendant les vacances.
  • Les groupes présentent leurs listes d’activités – que vous écrivez au tableau, en faisant une liste pour les filles et une autre liste pour les garçons.
  • Discutez de ces listes avec la classe. Demandez si cela est juste. Demandez pourquoi ils pensent que les activités sont différentes.

Demandez aux élèves de faire une rédaction sur le sujet « Comment et pourquoi les garçons et les filles sont différents  ? » Demandez-leur d’exprimer leurs propres opinions. Les enfants plus jeunes peuvent dessiner leurs activités, et les comparer entre eux.

2. Utiliser le jeu de rôle pour explorer les différences entre les genres

Le jeu de rôle peut être un outil d’enseignement et d’apprentissage très puissant – en particulier lorsqu'il s'agit de sujets sensibles dans les cours sur les compétences de la vie courante ou la citoyenneté. Il est particulièrement utile lorsque vous explorez les questions relatives aux différences perçues entre les genres avec vos élèves. Cela peut aider les élèves à parler plus librement parce qu’ils discutent du comportement d'autres personnes et non du leur. (Voir la Ressource clé : Utiliser les jeux de rôle, l’expression orale et l’art dramatique dans la classe.)

Il est important de chercher d’où viennent les stéréotypes liés au genre. Les élèves doivent être capables de s’apercevoir de quand un comportement stéréotypé est utilisé. Cela arrive souvent dans la famille, mais vous pouvez aussi examiner votre propre comportement. Est-ce que vous agissez en fonction de stéréotypes liés au genre dans votre classe  ? Est-ce que les stéréotypes liés au genre s’appliquent dans votre propre famille ? L’Étude de cas 2 montre comment un professeur a utilisé sa propre expérience pour explorer les questions relatives à la différence entre les genres dans sa classe.

Étude de cas 2: Utiliser votre expérience d’enfance pour discuter des différences perçues entre les genres

M. Dadji voulait travailler avec sa classe sur les questions relatives aux différences perçues entre les genres. Il a passé un certain temps à réfléchir à ce qu’il devait faire. Il se souvenait que lorsqu’il était enfant, son père avait l’habitude de lui dire d’« agir comme un homme ». Il se souvenait aussi que ses deux sœurs se faisaient souvent gronder pour ne pas s’être comportées « comme des dames ». Il a décidé d’utiliser ces exemples pour présenter son cours.

Il a préparé deux feuilles avec les titres suivants : « Agis comme un homme » et « Sois comme une dame ». Il a demandé aux garçons de lui dire ce que voulait dire « agir comme un homme ». Quand les garçons ont eu donné toutes leurs idées, il a demandé aux filles. Il a fait la même chose pour les filles, leur demandant quels étaient les mots auxquels elles pensaient, ou les attentes qu’elles avaient de quelqu’un qui était « comme une dame ». Il a écrit toutes leurs idées sur les feuilles.

Il a dessiné des cases autour de certains mots de la liste et a expliqué que se comporter de la sorte peut empêcher les élèves de vouloir réussir. Ils ont discuté du fait qu’il est normal pour les garçons d’aimer les moteurs et le sport, et pour les filles d’aimer la cuisine et surveiller les enfants, mais le problème survient quand nous nous sentons obligés de nous conformer à ces rôles. Certaines filles peuvent vouloir travailler avec des machines, etc. et certains garçons peuvent vouloir surveiller les enfants ou devenir cuisiniers, mais ils ne le disent pas par peur des moqueries.

Par petits groupes, les élèves ont discuté de moments où ils s’étaient sentis sous pression pour agir d'une certaine façon alors que ce n'était pas ce qu'ils voulaient faire. Ils ont discuté de ce qu’ils pourraient faire pour être acceptés comme ils sont et peut-être pour faire accepter qu'ils puissent faire les choses différemment de ce que font leurs parents ou leurs tuteurs.

Activité 2: Jeu de rôles avec inversion des genres

Dans cette activité, vous allez préparer des jeux de rôles en inversant les genres (voir Ressource 3 : Jeu de rôles avec inversion des genres, pour y trouver un exemple). Cela peut vous aider à réfléchir à différentes situations dans lesquelles vous pouvez inverser les rôles traditionnels joués par des hommes et des femmes. Lisez la Ressource clé : Utiliser les jeux de rôle, l’expression orale et l’art dramatique dans la classe.

  • Expliquez l’activité et son objectif à votre classe – en leur disant de ne pas rire en lisant la situation qu’ils doivent jouer, mais de réfléchir aux problèmes qui sont soulevés.
  • Après chaque jeu de rôle, demandez aux élèves de discuter des questions suivantes, en groupes mixtes constitués de filles et de garçons ensemble.
    • Qu’est-ce que vous pensez de cette situation  ?
    • Qu’avez-vous ressenti en regardant le jeu de rôle, et pourquoi  ?
    • Que montre ce que nous avons ressenti en regardant les scènes sur la manière dont nous voyons le rôle des hommes et celui des femmes dans la société  ?
    • Si cela avait été un jeu de rôles sans inversion des genres, est-ce que vous auriez pensé différemment  ?

Si vos élèves sont plus jeunes, vous devrez trouver des jeux de rôles très simples. Il se peut que vous ressentiez le besoin de guider leur discussion qui suit la présentation des scènes au lieu de leur demander de discuter de ces questions en groupe.

3. Aider les élèves à prendre conscience des questions sensibles liées au genre

Il y a de nombreuses formes de comportement abusif, et ce sont les filles et les femmes qui en sont le plus souvent les victimes. Cela ne signifie pas que les garçons ne peuvent pas être victimes d’abus, mais simplement que les filles et les femmes ont eu tendance à avoir un rôle plus passif dans la société alors que les garçons et les hommes ont été plus dominants.

Si vous vous préparez à explorer cela avec votre classe, vous devrez tout préparer avec grand soin, et être en mesure d'aider vos élèves, parce que certaines idées peuvent être très désagréables et provocatrices pour eux. Il est également possible que vous découvriez des cas d’abus, et vous devez vous préparer à fournir une aide à vos élèves, de façon délicate et discrète.

Si vous ne vous sentez pas en mesure de faire face seul(e) à ce sujet difficile, vous pouvez suivre la piste de Mme Gado dans l’Étude de cas 3, qui a demandé à une ONG locale de venir l’aider lors de la discussion de sa classe à propos des abus.

Étude de cas 3: Utiliser un expert local pour aider à discuter de questions sensibles

La classe de cours moyen première année (CM1) de Mme Gado a travaillé depuis plusieurs semaines sur les stéréotypes liés au genre et sur la manière dont ils peuvent négativement influer sur les progrès des filles en classe et dans la vie. Cela a été un moment difficile pour Mme Gado parce que les garçons trouvaient la situation très bien comme elle était et ne voyaient pas le besoin de changer.

Elle a donc décidé de demander l’aide d’un expert et a contacté une ONG locale qui travaillait sur des projets de développement rural dans la même ville. Elle a rencontré une dame, nommée Aicha, qui était leur spécialiste des questions relatives aux différences perçues entre les genres.

Aicha est venue à l’école et a parlé des abus à la classe. Ils ont identifié les abus comme pouvant être moraux aussi bien que physiques ou sexuels. Aicha a raconté à la classe des histoires de jeunes qui avaient été abusés par leurs parents, par d’autres membres de la famille, et même par des gens de leur groupe religieux. Elle leur a aussi dit comment ces enfants avaient été aidés et quelles organisations existent pour les aider. Certains élèves ont été très choqués que des gens puissent se comporter de cette façon.

Au cours de la discussion, Mme Gado a remarqué deux filles qui pleuraient. Après la classe, Mme Gado a demandé à ces deux filles si elles voulaient aller parler à Aicha, et elle leur a pris des rendez-vous.

Lors de la leçon suivante, Mme Gado a demandé à ses élèves d'écrire un texte sur les abus et d'expliquer ce qu'ils en pensaient. À partir de cela, elle a pu voir jusqu'à quel point chaque élève avait compris et comment ils avaient réagi aux histoires qu'Aicha avait racontées.

Activité clé : Organiser une séance à l’école pour parler des problèmes liés aux différences perçues entre les genres

Ayant exploré certains des problèmes liés aux différences perçues entre les genres avec votre classe, vous pouvez leur suggérer de partager leurs découvertes avec le reste de l’école.

Demandez-leur comment ils imaginent pouvoir le faire. Est-ce qu’ils pourraient :

  • écrire une pièce  ?
  • organiser une assemblée  ?
  • écrire un livret d’informations  ?
  • écrire un poème  ?

Vous pouvez faire plus d’une activité si vous avez une classe nombreuse. Les élèves peuvent alors choisir à quel groupe ils vont participer. Une fois qu’ils ont choisi ce qu’ils veulent faire, demandez-leur de prévoir ce qu’ils vont dire, et de penser à la meilleure façon de la dire. Rappelez-leur qu’ils doivent parler avec délicatesse à leur audience et faire attention à la manière dont ils présentent leurs idées.

Donnez-leur le temps de faire un brouillon ou de s’entraîner. Lorsqu’ils sont prêts, faites-leur présenter leur pièce, leur livre, leur poème ou le thème de leur présentation devant la classe de manière à avoir un compte-rendu constructif avant de se lancer à faire la véritable présentation devant l'école entière. Après l’événement, laissez à vos élèves la possibilité d'évaluer l'impact de leurs actions. Réfléchissez à la manière dont vous pouvez aider vos élèves, en prenant ce travail comme base.

Ressource 1: Questions relatives aux différences perçues entre hommes et femmes

Information préliminaire ou connaissance du sujet

Les différences perçues entre les genres décrivent les caractéristiques des hommes et des femmes qui sont déterminées par la société, et non celles qui sont déterminées par la biologie.

Une grande partie des réactions des élèves vient de leur éducation et de leurs fréquentations, ce qui aboutit inconsciemment à des stéréotypes sur la différenciation des genres.

Dans la famille, les hommes sont généralement considérés comme les chefs et la prise de décision est généralement de leur ressort.

Il y a des disparités entre les genres au niveau de l’accès à l’éducation, des chances économiques et des soins de santé.

Il y a un préjugé favorable à l’éducation pour les garçons. Ceci est lié à des problèmes de grossesses précoces dont le résultat est une forte proportion de filles qui arrêtent l'école avant le cours moyen deuxième année (CM2).

Il y a un déséquilibre au niveau de l’emploi, par secteur et par genre. Dans le secteur de l’agriculture, les femmes sont les principales productrices de denrées alimentaires.

On naît de genre masculin ou féminin, mais on apprend à devenir des filles et des garçons qui deviennent des femmes ou des hommes.

On nous enseigne quels sont les comportements, les attitudes, les rôles et les activités appropriés en fonction de son genre, ainsi que les rapports que nous devons avoir avec les autres. Ce comportement acquis est ce qui fait l’identité sexuelle et détermine les rôles des deux genres.

Problèmes rencontrés lors de l’enseignement des différences perçues entre les genres

Les questions relatives aux différences entre les genres sont délicates. Des règles doivent donc être observées de façon stricte de manière à garantir que la discussion ne tourne pas à la dispute entre les filles et les garçons.

Vous devez aider les enfants des deux genres à comprendre les dilemmes et les choix du genre opposé.

Il est important que les élèves comprennent que les stéréotypes liés au genre sont renforcés par le comportement dans la famille, à l'école et dans la société.

Vous devez aider vos élèves à développer des stratégies et des compétences leur permettant de remettre en cause des situations injustes liées aux différences entre les genres.

Ressource 2: Différences entre les genres – qu’en pensez-vous  ?

Informations sur le contexte/la connaissance du sujet, pour l'enseignant

Lis chaque proposition, et encercle la note qui correspond à ton accord ou à ton désaccord avec cette proposition.

  • 5 signifie que tu es parfaitement d’accord.
  • 1 signifie que tu n'es pas du tout d'accord.

Si tu ne sais vraiment pas, tu peux encercler le 3.

aLes garçons sont plus forts que les filles12345
bLa cuisine est un travail de fille12345
cLes filles n’ont pas le temps d’étudier parce qu’elles ont des corvées à faire12345
dLes filles se réveillent avant les garçons12345
eÀ l’école, les filles travaillent plus que les garçons12345
fLes garçons sont plus intelligents que les filles12345
gL’éducation est plus importante pour les garçons, parce qu’ils devront nourrir leur famille quand ils seront plus grands12345

Ressource 3: Jeu de rôles avec inversion des genres

Ressources que les enseignants doivent planifier et adapter au niveau ou aux besoins des élèves

Mme Atcholé est en retard

M. Atcholé est occupé à nettoyer la maison. Il porte le bébé sur son dos, parce que ce dernier ne veut pas arrêter de pleurer. Anita, cinq ans, lui tire sur les jambes parce qu’elle veut quelque chose. M. Atcholé est évidemment fatigué, mais le dîner est en train de cuire sur le petit feu. Il appelle d’autres enfants plus âgés qui sont dehors pour leur dire d’aller chercher plus de bois pour le feu. Il parle de ses problèmes tout en travaillant. Il est ennuyé parce qu’il n’y aura peut-être pas assez à manger quand sa femme va rentrer de son travail à la mairie.

Mme Atcholé arrive à la maison. Elle a un peu bu et elle est en colère parce que le dîner n’est pas prêt, et que la maison n’est pas propre. Elle crie contre M. Atcholé et ils se disputent, alors Mme Atcholé frappe M. Atcholé et elle sort de la maison en disant qu'elle va aller dîner ailleurs.

Section numéro 3 : Examen du travail et de l’emploi

Question clé: Comment est-ce que différentes façons de grouper les élèves peuvent les aider à comprendre les questions relatives au travail et à l’emploi  ?

Mots clés: travail de groupe ; collaboration ; débat ; contextes locaux ; travail ; emploi

Résultats de l’apprentissage

À la fin de cette section, vous aurez :

  • utilisé la technique réflexion-association-partage pour aider vos élèves à réaliser l’importance du travail dans la maison et dans la communauté ;
  • préparé des activités collaboratives (communes) et évalué l’apprentissage de chacun ;
  • utilisé des contextes et des ressources locaux afin de motiver les élèves à comprendre les questions relatives au travail et à l’emploi.

Introduction

La façon dont vous groupez les élèves pour discuter peut faire une différence importante dans la façon dont ils apprennent. Il se peut que, parfois, vous vouliez regrouper les élèves en fonction de leurs capacités, ou que, d’autres fois, vous vouliez mélanger des élèves plus rapides avec des élèves plus lents. Si vous avez une classe nombreuse ou à niveaux multiples, vous pouvez vouloir les regrouper en fonction de leur âge ou de leur niveau. Dans cette section, vous utiliserez différentes formes de regroupement pour le travail individuel et collaboratif afin d’aider les élèves à discuter et à réfléchir sur ce qu’ils comprennent des questions relatives au travail et à l’emploi.

Vous pouvez également utiliser des contextes et des ressources locaux, afin de motiver les élèves et qu’ils fabriquent de leur propre initiative des objets utiles et vendables, à partir de matériaux locaux.

1. Utilisation du travail en binômes et en groupes, et du débat pour explorer la notion de travail et d’emploi

Les jeunes et les adultes ont des activités de travail et d’emploi différentes. Dans cette section, nous vous suggérons d’utiliser la technique réflexion-association-partage pour aider vos élèves à explorer la signification du travail, de l’emploi et leur importance.

Essayer de savoir d’où vient l’argent qui sert à acheter des choses à la maison est un bon point de départ pour ce sujet.

Dans l’Activité 1, vous demandez à vos élèves de réfléchir aux différents types de travaux qui sont effectués dans votre communauté et discutez de la différence entre travail et emploi. L’Étude de cas 1 montre des idées d’élèves au sujet des différents types d’emploi.

Étude de cas 1 : Travail de groupes et débat

La classe de cours moyen première année (CM2) de M. Kpaloté au Togo a travaillé sur différentes formes d'emploi qui existent dans ce pays. Il veut maintenant se concentrer sur la communauté locale.

M. Pkaloté partage la classe en deux. Il demande à une moitié de la classe de faire la liste de tous les employeurs locaux et de préparer un argumentaire expliquant pourquoi il vaut mieux être employé. Il demande à l’autre moitié de la classe d’identifier différentes manières moins classiques de gagner de l’argent ; il lui demande aussi de préparer un argumentaire expliquant pourquoi il vaut mieux gagner de l'argent de cette façon. Après 20 minutes de préparation, chaque groupe donne sa liste, et M. Pkaloté écrit toutes les idées au tableau – en faisant attention à ne pas les dupliquer (voir la Ressource 1 : Façons de gagner de l’argent – pour voir leur liste). La classe discute des listes et se rend compte que, dans certains cas, le travail est le même qu’il soit de type classique ou moins classique, payé ou non payé.

Lors de la leçon suivante, la classe prend part à un débat, chaque groupe nommant un orateur pour présenter son argumentaire. Finalement, les élèves votent pour savoir si c’est mieux d'avoir un emploi classique ou un travail moins classique.

Même après le vote, les élèves continuent à discuter de ces idées, ce qui satisfait pleinement M. Pkaloté.

Activité 1 : Utilisation de l’approche « réflexion-association-partage » pour explorer les activités de travail

Utilisez la technique réflexion-association-partage pour identifier les différentes façons de gagner de l’argent et explorer les débouchés qu’ont vos élèves sur le marché du travail.

  • Demandez à vos élèves de réfléchir individuellement aux différentes façons qui existent de gagner de l’argent. Donnez cinq minutes pour cette réflexion personnelle.
  • Ensuite, associez chaque élève avec son voisin, et demandez à chaque binôme (groupe de deux) de partager leurs idées. (Si vos élèves sont assis par trois à leurs bureaux, vous pouvez les associer par trois et non par deux.) Ils combinent leurs idées pour faire une liste par binôme ou par groupe de trois. Donnez-leur dix minutes.
  • Demandez à chaque binôme ou à chaque groupe de trois de donner ses idées et faites-en la liste au tableau.
  • Discutez de la distinction entre travail et emploi. Assurez-vous qu’ils ont compris que les gens doivent travailler dans leurs maisons et dans leurs champs et que ceci est différent du travail qu'ils font en tant qu'employés et pour lequel ils sont payés.

Demandez aux élèves de dire comment et pourquoi ils voudraient être employés dans l’avenir.

2. Utiliser la discussion et la visite d’entreprise pour explorer la diversité des métiers

Entendre d’autres personnes parler de la manière dont ils font leurs différentes activités peut aider vos élèves à comprendre la diversité des métiers qui existent, et à savoir ce qu'ils voudraient faire eux-mêmes. En invitant un intervenant à leur parler de ses activités professionnelles vous pouvez aider les élèves à comprendre comment un type particulier de travail se fait. Emmener les élèves à l’extérieur de l’école les enthousiasmera, les motivera et donnera un aspect réel à la façon dont ils visualisent un certain nombre de métiers.

La Ressource-clé : Utiliser l’environnement local et la communauté pour favoriser l’apprentissage  donne des lignes directrices pour inviter des visiteurs dans votre classe.

Étude de cas 2: Discuter du travail et de l’emploi

Pour aider ses élèves à développer les concepts du travail et de l’emploi, et comprendre l'importance du travail, Monique, enseignante de cours moyen première année (CM1), a discuté avec ses élèves du travail et de l’avenir. Elle s’est rendu compte que la plupart des élèves de sa classe voulaient aller à l’université afin d’avoir un bon métier et de gagner beaucoup d'argent. La plupart d’entre eux voulaient aller habiter en ville.

Pour montrer des expériences réelles à ses élèves, Monique a invité un commerçant local à venir à l’école expliquer aux élèves comment il a monté son affaire. Ils ont appris que le fait de monter un magasin et de le faire fonctionner demande de travailler dur. Il faut aussi de l’argent : le commerçant local a reçu un prêt de la banque pour commencer à travailler. Il a maintenant remboursé pratiquement tout son prêt et sera bientôt propriétaire de son entreprise.

Monique a aussi invité une de ses amies, Julienne, qui vivait autrefois dans leur village, mais qui était partie à l’université et travaillait maintenant dans une banque en ville. Julienne a expliqué qu’elle avait toujours voulu travailler dans une banque, et qu’elle avait beaucoup étudié pour devenir comptable.

Après les visites, la classe a pris part à un débat pour savoir s'il valait mieux rester dans son propre village pour tenir une affaire qui vous appartient, ou aller à l'université pour trouver un travail. La classe avait appris beaucoup de choses sur le fait que le travail et l’emploi sont liés aux efforts fournis à l’école et dans la communauté au sens plus large.

Activité 2: Visite d’une entreprise locale

Emmenez votre classe (ou des groupes plus petits, chacun à leur tour) au marché local. Laissez-les observer ce qui s’y passe. Faites attention en organisant les binômes d’élèves de manière à ce que les enfants restent concentrés sur le travail et ne se laissent pas distraire lorsqu'ils sont en dehors de l’école. Préparez l’activité en vous arrangeant avec certains marchands pour qu’ils répondent à des questions que les élèves leur poseront à propos de leurs commerces. Vous devrez préparer une feuille de travail ou questionnaire pour vos élèves (voir la Ressource 2 : Feuille de travail pour la visite au marché). Si vous n’avez pas les ressources nécessaires pour reproduire une feuille de travail pour chaque binôme, lors de la leçon précédant la visite vous pouvez écrire des questions au tableau et demander aux élèves de les recopier dans leurs cahiers – en laissant la place pour les réponses qu'ils obtiendront lorsqu'ils seront au marché. Demandez également aux élèves ce qu'ils veulent savoir et ajoutez ces questions à la liste.

Si vous pensez que cela serait plus adapté, vous pouvez emmener la classe dans une banque locale ou un autre endroit qui emploie des gens, mais vous devrez de la même façon préparer la visite et leur donner des questions à poser ou du travail à faire lorsqu'ils seront sur place. Après la visite, les élèves peuvent écrire et/ou discuter sur ce qu'ils ont appris au sujet du travail. Résumez toutes les idées au tableau.

3. Créer une mini-entreprise à l’école pour développer les compétences entrepreneuriales

Au cours des activités précédentes, vos élèves ont appris des choses au sujet du travail et de l’emploi en faisant un travail de groupe. Ils ont aussi écouté les expériences vécues de personnes qui sont employées ou qui gagnent leur vie.

Dans l’Activité clé, vous donnerez aux élèves l’occasion de s’impliquer dans un travail qui augmentera leurs compétences et qu'ils pourront utiliser pour gagner un revenu.

L’Étude de cas 3 montre comment un enseignant a monté une mini-entreprise pour donner à ses élèves une expérience de travail et d’emploi.

Étude de cas 3: Utilisation de matériaux locaux recyclés pour la couture et pour créer un revenu

Mme Anago enseigne les compétences professionnelles dans l’école primaire d’une petite ville du Togo. Près de l’école, il y a trois ateliers de tailleurs. La zone qui entoure les ateliers de tailleurs est jonchée de petits morceaux de tissus qui ont été jetés. Mme Anago et sa classe ont pensé qu’ils pourraient utiliser les morceaux de tissu pour fabriquer des objets utiles pendant leurs cours de couture. Elle a demandé aux tailleurs de récupérer tous les morceaux de tissu pour elle, au lieu de les jeter.

Mme Anago a utilisé le tissu pour apprendre à coudre aux élèves. Ils ont coupé, fait des ourlets et cousu les morceaux de tissu pour faire des mouchoirs, des foulards et de petites nappes. Comme la plupart des élèves n’avaient pas de mouchoir ou de foulard, chacun d'entre eux en a reçu un. Le reste des mouchoirs et les petites nappes ont été vendus à des prix très raisonnablesdans l'école et dans le village.

Un garçon et une fille ont été choisis pour tenir le compte de l’argent qui avait été reçu. Il a aussi fallu qu’ils payent pour les aiguilles et le fil qu’ils avaient utilisé. Le bénéfice a été utilisé pour acheter du sucre pour mettre dans leur porridge.

Les élèves étaient contents parce qu’il n’y avait plus de tissu jonchant le sol autour de chez les tailleurs et aussi parce qu'ils mangeaient maintenant leur porridge avec du sucre.

Activité clé : Travailler pour notre école

Il est maintenant temps de mettre à l’épreuve tout ce que vos élèves savent au sujet du travail et de l’emploi en leur faisant faire une activité dont bénéficieront l’école et/ou les familles.

  • Discutez et identifiez quelles sont les activités que les élèves peuvent faire dans le cadre de projets qui les aideront à développer des compétences tout en étant bénéfiques à l’école ou à leurs familles. Décidez ensemble des deux meilleures idées à réaliser. Ce peut être par exemple : fabriquer des paniers, des tapis, des cordes ou des balais ; ramasser des sacs et des bouteilles en plastique pour le recyclage. Le genre d’activité que vous pouvez faire dépend du contexte de l’école.
  • Les élèves choisissent de travailler sur un des deux projets choisis. Vous aurez besoin de les aider lorsqu’ils prépareront leur projet et qu’ils rassembleront les ressources. Les experts locaux et les autres membres de la communauté peuvent vous aider et vous conseiller sur ce que vous devez faire.
  • Discutez avec les élèves de ce qu’ils peuvent faire avec les produits qu’ils réalisent dans le cadre de leur projet (ces objets seront-ils utilisés à l’école, à la maison, ou vendus pour avoir de l’argent  ?).
  • Discutez avec les élèves de l’utilité de leurs projets et des compétences qu’ils ont acquises.
  • Vous pouvez prévoir une journée pour vendre certains de ces objets et utiliser les bénéfices pour acheter des choses dont toute la classe profitera.
  • Faites remarquer aux élèves que les travaux qu’ils font à la maison ou à l'école leur font développer des compétences qu’ils pourront utiliser pour trouver un emploi dans l’avenir.

Ressource 1: Façons de gagner de l’argent – liste de la classe de M. Kpalété

Manières classiques de gagner de l'argent

  • Travailler pour le gouvernement
  • Travailler pour une entreprise
  • Travailler pour un artisan
  • Avoir sa propre entreprise
  • Fabriquer des objets
  • Travailler pour une ONG
  • Travailler dans un dispensaire
  • Être enseignant(e)
  • Fabriquer des meubles
  • Travailler dans un garage
  • Être plombier.

Manières moins classiques de gagner de l'argent

  • Vendre des choses
  • Faire pousser des choses
  • Vendre des plats cuisinés aux ouvriers
  • Coudre
  • Réparer les voitures
  • Vendre des choses dans la rue
  • Être guide local
  • Être domestique
  • Être jardinier.

Ressource 2: Feuille de travail pour la visite au marché

destinée à l’usage des élèves

1.Combien d’étalages y a-t-il au marché  ?
2.Quelles sont les différentes choses qui y sont vendues  ?
3.Qui possède/est responsable du marché  ?
4.Quelles sont les heures d’ouverture  ?
5.Quel est le marché le plus proche après celui-ci  ?

Les élèves pourraient poser ces questions à l'un des commerçants :

1.Comment avez-vous créé votre entreprise  ?
2.D’où viennent les choses que vous vendez  ?
3.Comment calculez-vous vos prix de vente  ?
4.Comment calculez-vous vos bénéfices  ?
5.Quel type de transport utilisez-vous pour venir au marché  ?
6.À quelle distance du marché habitez-vous  ?
7.Quel est le plus gros problème pour les commerçants du marché  ?

Section numéro 4 : Exploration de l’environnement

Question clé: Comment pouvez-vous recueillir des données permettant de développer les connaissances des élèves sur l’environnement  ?

Mots clés: environnement ; recueil de données ; évaluation ; journaux ; histoires vraies

Résultats de l’apprentissage

À la fin de cette section, vous aurez :

  • utilisé des histoires vraies, recueilli des données et fait un journal pour améliorer la compréhension des problèmes environnementaux ;
  • préparé, effectué et fait le point sur une action relative à un problème environnemental local ;
  • évalué ce que la classe a appris et la réussite du projet.

Introduction

Un des principaux problèmes dans le monde est l’impact qu’ont les gens sur leur environnement. Si nous épuisons ou utilisons mal les ressources et si nous polluons l’environnement, nous avons un effet négatif sur la vie sauvage et sur les récoltes. Nous courons ainsi le risque d’endommager le monde pour les générations futures.

En tant qu’enseignant et citoyen responsable, vous devez avoir conscience des problèmes environnementaux et agir comme modèle pour vos élèves tout en les aidant à comprendre quels sont les problèmes. La meilleure façon d’y parvenir est de leur donner à faire des activités qui leur font rassembler des informations au sujet de l’environnement, à la fois au niveau local et à un niveau plus large, et d’utiliser ce qu’ils ont trouvé pour en apprendre plus au sujet des conséquences de différentes actions.

1. Procéder par petites étapes - Commencer par les questions relatives à l’environnement local

Pour que vos élèves apprennent certains des concepts complexes qui ont trait à l'environnement, vous, le professeur, devrez diviser les idées en petits morceaux et reconstruire l'image globale de manière logique. Les élèves trouveront cela plus facile si vous réfléchissez aux notions qu'ils ont déjà et si vous utilisez l'environnement local pour leur montrer de quelle manière ces notions se rapportent à leur situation.

Il y a de nombreuses manières d’y parvenir. La première partie de cette section invite à recueillir des informations, à partir des expériences de vos élèves, pour explorer les concepts, leurs responsabilités et leurs droits.

Étude de cas 1 : Recherches au sujet de l’utilisation locale de l’eau

Mme Baoubadi, au Togo, a commencé à faire un cours sur l’environnement local à sa classe à grand effectif de CP2 (cours préparatoire deuxième année), recherchant quelle est l'importance de l’eau dans la vie de tout le monde.

Pour stimuler l’intérêt de ses élèves pour ce sujet, elle a décidé de monter un projet de recherche dans la classe. Tout d’abord, elle leur a demandé de se répartir par groupes de six à huit, vivant dans le même quartier de la communauté, et leur a dit que trois personnes allaient venir à l’école le lendemain – une de chaque quartier – pour discuter de la manière dont ils obtenaient et utilisaient l’eau.

Elle leur a demandé de réfléchir et de noter les questions qu’ils voulaient poser. Ces groupes de quartier ont rassemblé leurs questions de manière à ce que chaque groupe puisse vérifier qu’il avait pensé à tous les aspects.

Le jour suivant, chaque visiteur a parlé aux élèves de son quartier, soit dans la classe ou sous un arbre. Les groupes ont posé leurs questions de différentes façons : dans un groupe, différents élèves ont posé une question chacun, alors que dans un autre groupe une fille et un garçon ont posé toutes les questions pendant que les autres prenaient des notes.

Après la visite, il a été demandé aux élèves de faire la liste de trois choses importantes qu'ils avaient découvertes et d'en faire le compte rendu à toute la classe. Mme Baoubadi a demandé à chaque groupe à tour de rôle de dire ce qu'il avait trouvé, sans répéter les réponses qui étaient déjà inscrites au tableau.

Ils ont ensuite discuté des problèmes qui existaient au sujet de l’eau et ont réfléchi à des solutions possibles (voir la Ressource 1 : Problèmes pour trouver de l’eau).

Activité 1 : Tenir un « journal de l’eau »

Demandez à vos élèves de tenir un « journal de l’eau » pendant une semaine. Ils prendront note (peut-être sur un tableau affiché au mur) de la quantité d’eau qu’ils utilisent et de l’usage qu’ils en font. (La Ressource 2 : Journal de l’utilisation de l’eau vous donne un modèle possible). Au bout d'une semaine, demandez-leur de travailler en groupes et de faire la liste de toutes les utilisations de l’eau qui ont été mentionnées dans leur groupe, puis inscrivez ces utilisations dans l’ordre décroissant du volume utilisé. Affichez chacune des listes au mur et laissez les enfants lire les listes des autres avant de discuter tous ensemble des problèmes relatifs à l’eau dans leur quartier.

Vous pouvez poser des questions telles que : D’où vient notre eau  ? Est-ce que tout le monde à accès à l’eau  ? Est-ce que notre eau est propre et sûre  ? Comment est-ce que nos usages de l’eau pourraient être améliorés  ? Comment pouvons-nous aider  ? Vous pouvez aussi relier cette activité à un travail de numération (en étudiant les données de la quantité d’eau utilisée), à un cours de sciences (pourquoi l’eau est essentielle à la vie) et aux études sociales (le problème de l’alimentation en eau dans certaines régions d’Afrique).

2. Stratégies pour l’exploration de questions sur l’environnement - Utilisation des histoires

Le dessin est une façon utile d’explorer les idées des élèves sur un sujet donné. Cela leur permet de montrer leurs idées, sans devoir parler tout haut – méthode très pratique s’ils ne savent pas encore écrire. C’est une méthode particulièrement utile avec les jeunes élèves : cela leur donne un moyen de parler de ce qu'ils pensent. Les dessins ne doivent pas forcément être d’une grande qualité, mais doivent raconter une histoire ou exposer une idée.

Utiliser les histoires est une autre façon d’encourager les élèves à réfléchir plus profondément sur un problème. Cela évite de mettre la pression sur un individu et permet aux élèves de parler de façon plus ouverte. Les contes peuvent aussi offrir une perspective plus large aux élèves et leur donner de l’inspiration. Étude de cas 2 et Activité 2 montrent comment vous pouvez utiliser les deux techniques dans votre classe.

Étude de cas 2: Contes et problèmes d’environnement

M. Napo a lu la Ressource 3 : L’histoire du fermier égoïste, à sa classe de CE2 (cours élémentaire deuxième année) afin de stimuler leurs idées au sujet de la terre et de ses ressources.

Il a ensuite donné à ses élèves un morceau de papier et leur a demandé de dessiner « pourquoi le fermier était égoïste ».

Il leur a soigneusement expliqué l’idée et les a encouragés à ne pas copier, mais à réfléchir à leurs propres idées. Après avoir terminé leurs dessins, les élèves les ont accrochés sur le mur. M. Napo a demandé à certains élèves de dire ce que leurs dessins représentaient et il a essayé de deviner ce que d’autres voulaient dire. Les enfants ont vraiment apprécié cela.

Il a ensuite lancé une discussion pour parler de l'importance, pour tout le monde, de faire attention à la terre. Et les élèves ont fait la liste au tableau des manières dont les gens de la communauté locale utilisaient la terre et l’entretenaient.

Puis M. Napo leur a posé des questions dont ils ont discuté en groupes. Par exemple :

  • Comment est-ce que les gens ont utilisé la terre  ?
  • Est-ce qu’ils s’en sont occupés  ?
  • Comment est-ce que le fermier aurait pu s’occuper de sa terre  ?
  • Qui faisait le travail  ?
  • Est-ce que la terre était productive  ? Si oui, pourquoi  ? Si non, pourquoi pas ?
  • Comment peut-on améliorer la façon dont on s’occupe de la terre  ?

D'autres questions se trouvent dans la Ressource 4 : Questions concernant l’utilisation de la terre.

Avec la classe entière, ils ont réfléchi à toutes ces questions et ont partagé des idées.

À la fin de la journée, M. Napo a demandé aux élèves de regarder le long de la route, en rentrant chez eux, et d’observer les différentes façons dont la terre était utilisée et de revenir le jour suivant avec tout ce qui pourrait être ajouté à la liste.

Activité 2: Les leaders et l’environnement

Cette activité traite d’une façon plus large de l’importance de s’occuper de notre environnement. Ressource 5 : Mary Ojerinde raconte l’histoire d’une femme nigériane qui a fondé un groupe environnemental. Lisez ce texte avant de préparer votre cours.

  • Racontez l'histoire à votre classe. Sur le mur, épelez certains mots de façon claire, par exemple « héros/héroïne », « désertification ».
  • Après avoir lu l’histoire, discutez de ces mots et de leur signification.
  • Demandez à vos élèves, par binôme, de s’imaginer être quelqu’un comme Mary Ojerinde. Quel problème environnemental particulier voudraient-ils essayer de résoudre  ? Comment s’y prendraient-ils  ?

    Déplacez-vous dans la classe et demandez aux binômes qui ont de bonnes idées d’expliquer leurs idées au reste de la classe.

Demandez à vos élèves d’examiner soigneusement leur environnement local en rentrant à la maison, de voir s'il y a d'autres problèmes qu'ils n'avaient pas remarqués auparavant et d'en faire part à la classe le jour suivant. Faites une liste des cinq problèmes qui leur paraissent les plus importants.

3. Organisation d’une campagne liée à une question environnementale

En tant qu’enseignant, vous devez aider vos élèves à comprendre quelles sont leurs responsabilités vis à vis de l'environnement, d'une manière qui stimule leur intérêt et suscite une attitude bienveillante envers celui-ci. Dans l’Activité clé, une campagne d’affichage est utilisée comme incitation, et dans l’Étude de cas 3, un projet à petite échelle est décrit qui montre comment des groupes différents peuvent avoir une action qui fera une véritable différence.

Pendant que les élèves travaillent sur un projet de ce type, votre rôle est d’être bien préparé(e) pour anticiper leurs besoins et leur donner les ressources qui sont nécessaires à leur apprentissage. Si vous avez une classe nombreuse, vous devrez réfléchir à la manière de faire participer tous vos élèves, et peut-être diviser la classe en groupes. Avec des élèves plus jeunes, vous devrez prévoir de faire quelque chose à une échelle beaucoup plus réduite et de faire participer encore plus les membres de la communauté pour vous aider.

Étude de cas 3: Préparer et exécuter une campagne de « nettoyage » par la classe

Une classe de l’école Kpagalam à Sokodé a décidé de lancer une campagne de « nettoyage ». L’enseignante, Mme Akou, a travaillé en transversalité sur un thème qui porte le titre « Occupons-nous de notre terre ».

Après une matinée passée à marcher autour de l’école et dans les zones environnantes proches, Mme Akou et sa classe ont discuté de ce qu’ils avaient vu.

Ils ont fait la liste de tout ce qu'ils aimaient dans cet endroit et aussi de tous les endroits ou de toutes les choses qu'ils voudraient changer ou améliorer.

Ils ont pensé qu'ils pourraient travailler sur deux petites zones où ils pourraient nettoyer l'environnement : la cour de récréation et le ruisseau local. La classe a été divisée en deux groupes, chaque groupe travaillant dans une zone. Les équipes ont discuté de ce qu’elles pouvaient faire, puis chacune a échangé ses idées avec l'autre équipe. Ils se sont mis d’accord sur qui ferait quels travaux, puis chaque équipe a travaillé pour mettre en place son propre plan d’action pour la semaine, pendant les heures d’école.

La classe a effectué le nettoyage sur une période d’une semaine. Ils ont ensuite fait une exposition dans le hall de l’école, qui présentait :

  • la quantité et les types de matériaux qui avaient été ramassés lors du nettoyage,
  • leurs projets destinés à ce que l’environnement reste agréable et sans déchets dans l’avenir,
  • comment se débarrasser des déchets, y compris le recyclage et la réutilisation d’une partie de ceux-ci, et l’incinération ou l’enfouissement de certains autres.

La présentation s’est bien passée. De nombreux élèves des autres classes ont été contents que ce travail ait été fait et serve à rendre plus propres les environs de l'école.

Activité clé : Prendre des mesures sur les questions d'environnement

Cette activité vise à provoquer une meilleure prise de conscience par vos élèves de la gestion des ordures et des déchets, et prend une approche d’apprentissage par l’action, étape par étape.

Étape 1 – Demandez à la classe, travaillant en binômes si vous le désirez, d’identifier les problèmes relatifs aux ordures et aux déchets dans l’école et dans les environs. Choisissez un problème – probablement celui qui a reçu le plus de mentions.

Étape 2 – Travaillez avec la classe pour établir un plan d'action. Pour ce faire, demandez à chaque binôme de suggérer des façons de résoudre le problème. Assurez-vous que le plan d’action que vous êtes en train de concevoir est réaliste et peut être traité par la classe. Distribuez les tâches aux groupes d’élèves.

Faites une grande affiche montrant l'ensemble du projet, avec les dates butoirs, qui peut être affichée sur les murs de la classe.

Étape 3 – Passez à l’action : cela peut vouloir dire des jours ou des mois de travail, mais faites bien attention à ce que chaque groupe conserve une trace de ce qu’il fait, quand et dans quel ordre.

Étape 4 – Au fur et à mesure que chaque partie du plan d’action est achevée, demandez aux groupes de noter leurs progrès sur l’affiche.

Étape 5 – Lorsque tout est terminé, revenez sur la réussite de cette action avec la classe. Qu’est-ce qui s’est bien passé  ? Quels ont été les problèmes  ? Qu’est-ce que les élèves ont appris  ? Qu’est-ce qu’ils pourraient faire pour aller plus loin avec cette idée  ? Est-ce que la zone reste propre  ?

Ressource 1 : Problèmes pour trouver de l’eau

Exemple de travail d’élèves

  • Il faut se déplacer sur de longues distances pour trouver de l’eau
  • Il faut laisser les enfants les plus jeunes seuls sur place pour aller chercher de l’eau
  • Les enfants ne vont pas à l’école quand ils vont chercher de l’eau
  • Est-ce que l’eau est propre et sûre  ?
  • La taille des récipients dans lesquels on transporte l’eau ainsi que le poids de l'eau qu'il faut transporter sur de longues distances
  • Le temps passé à trouver de l’eau empêche de faire d’autres choses
  • L’eau recueillie peut être contaminée par un mauvais système sanitaire et par l’utilisation qu’en font les animaux
  • Elle peut être une source d’infections du fait des maladies qui se transmettent par ce biais
  • La sécheresse peut restreindre l’accès à l’eau propre
  • Le manque d’infrastructures, par exemple de tuyaux et de réservoirs permettant de retenir les eaux de pluie, etc.
  • Le manque de systèmes permettant de purifier l’eau
  • Le manque d’éducation quant aux moyens de conserver et de garder de façon sûre les ressources d'eau naturelles
  • Pas d’accès permanent à l’eau.

Ressource 2: Journal de l’utilisation de l’eau

destinée à l’usage des élèves

À chaque fois que vous utilisez de l’eau pour boire ou pour faire la cuisine, etc., cochez la case correspondante.

BoissonCuisineLessiveNettoyage de la maisonAutres
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi

Ressource 3: L'histoire du fermier égoïste

Ressources que les enseignants doivent planifier et adapter au niveau ou aux besoins des élèves

Il était une fois un jeune fermier, qui avait une femme et deux enfants et qui vivait dans un petit village. Il avait hérité sa ferme de son grand-père, un travailleur acharné, qu’il aimait tant. Bien qu’attristé de la mort du vieil homme, le fermier était content d’être son propre patron et de posséder toute la terre.

C’était un jeune homme qui travaillait dur et il entretenait la ferme aussi bien, sinon mieux, que son grand-père. Son grand-père lui avait appris beaucoup de choses, mais il avait aussi bien étudié à l’école et lu beaucoup d’ouvrages sur les différentes façons d’économiser l’eau et de s’occuper de la terre, ce qui lui permettait d’augmenter le volume de ses récoltes. Cependant, il n’était pas comme son grand-père, en ce qu’il ne voulait pas partager ses idées ou ce qu’il avait produit en trop avec les autres fermiers et agriculteurs du village.

Les villageois étaient surpris qu’il les chasse de ses terres, lorsqu’ils venaient lui demander des graines ou des conseils. Sa femme n’était pas contente de la situation, mais elle respectait ses opinions. Les villageois observaient ce qu’il faisait, et certains essayaient de copier ses méthodes mais sans beaucoup de succès. D’autres riaient ou se plaignaient de ce qu’il faisait.

Une saison fut très sèche, et les récoltes du village ne furent pas bonnes. Il y avait très peu d’eau, parce que le ruisseau avait séché et qu’il fallait faire plus de six kilomètres à pied pour trouver la source la plus proche – ce qui signifiait qu’on ne rapportait que de l’eau pour boire.

Le fermier égoïste, cependant, avait beaucoup d'eau et de nourriture, mais n'aidait pas les villageois qui venaient lui demander de l'aide. Sa femme avait beau le supplier, mais il ne changeait pas d’avis. Il avait installé des gouttières et des bâches pour récupérer l’eau de pluie et la stockait dans de gros bidons qu’il avait récupérés, ce qui faisait que malgré la sécheresse il pouvait arroser ses plantes qui poussaient aussi bien que d’habitude.

Comme le temps devenait de plus en plus chaud, de plus en plus sec, les récoltes ont commencé à périr et de nombreuses personnes avaient faim. La femme essaya encore de persuader son mari d’aider les villageois. Les enfants essayèrent de persuader leur père, mais rien n'y fit – il ne voulait pas écouter. Il disait qu'il avait travaillé dur, que c'était à lui et que les autres étaient paresseux ou imprévoyants.

Cependant, un jour, un homme très maigre et en haillons arriva à la ferme et demanda à manger pour sa femme malade. Le fermier lui cria de partir, mais sa femme l'arrêta et lui dit : « Tu ne reconnais donc pas ton cousin  ? » Le fermier fut choqué de voir à quel point son cousin avait l’air maigre et vieux. Le cousin expliqua qu’il avait essayé de conserver de l’eau, mais il avait échoué et ses récoltes avaient péri.

Le fermier lui expliqua ce qu’il pourrait faire la fois suivante. Mais sa femme lui dit qu’il était trop faible pour faire cela, sauf s’il lui donnait de la nourriture pour lui et sa femme. Le fermier se laissa fléchir, et donna de la nourriture à son cousin. Le cousin revint une semaine plus tard, disant que sa femme allait mieux et demandant encore de la nourriture. Le fermier allait dire non, mais sa femme lui dit que ses pauvres cousins avaient si faim que cela ne suffisait pas de leur donner de la nourriture une seule fois. Le fermier donna donc de la nourriture et les jours suivants il commença lentement à changer d’avis, en pensant à quel point il avait été égoïste et indélicat envers la mémoire de son grand-père et envers ses voisins. Il demanda donc aux villageois de venir à sa ferme. Il leur donna de la nourriture et leur promit de les aider à mieux se préparer pour les récoltes suivantes.

Ressource 4: Questions concernant l’utilisation de la terre

destinée à l’usage des élèves

1.De combien de différentes façons peut-on utiliser la terre  ? Faites une liste.
2.Pourquoi est-ce important de s’occuper de la terre  ?
3.Pourquoi est-ce que certaines personnes sont plus égoïstes que d’autres  ? Pourquoi devrions-nous partager notre terre  ?
4.Comment pouvons-nous encourager les gens à partager  ? Est-ce que nous devrions tout partager  ?
5.Est-ce que nous nous occupons bien de notre terre  ?
6.Avec qui d’autre est-ce que nous partageons notre terre  ?
7.Comment pouvons-nous mieux nous occuper de la terre  ?
8.Que pouvons-nous faire, en tant que classe, pour nous occuper du terrain de l’école  ?

Ressource 5: Mary Ojerinde

Ressources que les enseignants doivent planifier et adapter au niveau ou aux besoins des élèves

Au Nigeria, Mary Ojerinde, fille d’un éleveur qui avait étudié l’agriculture, a remarqué l’impact du surpâturage dans son village et dans les villages voisins, et elle a décidé de faire quelque chose à ce sujet lorsqu’elle serait adulte. Cette ambition de sa vie l’a menée à former un groupe, le Mouvement de la révolution verte.

L’objectif de ce groupe est de protéger l’environnement de la désertification dans la partie nord du Nigeria. Le groupe, constitué de nombreux professionnels, de dirigeants de communautés et de fermiers locaux intéressés par la protection de l'environnement, a encouragé la plantation d'arbres et la création de pâtures pour les bergers Fulani, dans des zones spécifiques des villages. Le groupe a aussi organisé des séances de conseil régulières à l’attention des fermiers, sur la gestion de l’utilisation de la terre et autres méthodes respectueuses de l’environnement permettant d’élever les animaux avec une productivité améliorée.

Mary Ojerinde est pour cette raison devenue une héroïne parmi ses collègues de l'Institut de recherche agronomique, où elle travaille, et dans les villages environnants.

De manière à promouvoir des attitudes positives envers la protection de l'environnement, le groupe a rendu visite à un grand nombre d'écoles, et les a encouragées à fonder des Clubs de protection de l’environnement – ayant pour objectif de faire connaître les raisons pour lesquelles il est important de s'occuper de la terre, et la manière dont on peut mieux le faire. Les activités qui peuvent être pratiquées, comme le suggère Mary Ojerinde, comprennent le nettoyage des ordures ou déchets se trouvant dans l’environnement de l’école, la création de drainages et le nettoyage des drains bouchés dans les villages environnants, la plantation de fleurs et d’arbres, en particulier des arbres fruitiers comme les manguiers, les goyaviers et les orangers – dans des endroits spécifiques sur le terrain de l’école. Le mouvement se consacre à des campagnes de sensibilisation aux dangers du surpâturage et de l'abattage illégal des arbres. Toutes ces activités ont été intégrées dans un projet de travail avec des dates butoir, pouvant être affiché sur les murs des classes.

L’administration locale a entendu parler des activités de ce groupe, et le président a décidé de financer tous les aspects éducatifs de la campagne du groupe. Mary Ojerinde a aussi été sollicitée pour lancer ce groupe dans d’autres régions de l’état.

Section numéro 5 : Façons adaptées d’aborder le VIH, le SIDA et les IST

Question clé: Comment pouvez-vous enseigner un sujet sensible tel que le VIH et le SIDA d’une façon constructive et dans une attitude de soutien  ?

Mots clés: préparation ; apprentissage actif ; délicatesse ; questionnaires ; jeu de rôle ; VIH ; SIDA ; IST

Résultats de l’apprentissage

À la fin de cette section, vous aurez :

  • fait le nécessaire pour vous préparer à enseigner un sujet sensible tel que le VIH, le SIDA et les infections sexuellement transmissibles (IST), en utilisant diverses ressources, y compris Internet ;
  • utilisé différentes méthodes telles que le jeu de rôles et les experts locaux, pour garantir un apprentissage actif ;
  • créé un environnement d’apprentissage adapté afin d'améliorer la compréhension du VIH et du SIDA.

Introduction

En tant qu’enseignant de primaire, vous aurez conscience qu'il est important d'aider vos élèves à faire face à l'impact du VIH et du SIDA dans leurs vies, tant en termes de connaissances sur les sujets du VIH et du SIDA, que de sécurité et de leur propre santé et de celle des autres.

C’est un sujet difficile pour certains enseignants et pour certains élèves et c’est la raison pour laquelle certains préfèrent laisser ce rôle aux experts. Cependant, il existe de nombreuses manières de mettre en place un environnement où l'apprentissage est présenté avec délicatesse, permettant à vos élèves d'explorer ce sujet – si vous le préparez avec soin. Cette section vous aidera à préparer et à prévoir cela à l’aide de diverses ressources – collègues, experts venant de l’extérieur, textes et Internet. Vous développerez des compétences en utilisant le jeu de rôle dans votre enseignement du VIH et du SIDA. Vous créerez des règles à appliquer en classe qui permettront d'avoir un environnement d'apprentissage coopératif. Cette section ne couvre pas toutes les activités relatives au VIH et au SIDA, mais montre des approches possibles pour traiter du VIH et du SIDA. Ces approches peuvent être utilisées pour explorer d’autres infections sexuellement transmissibles (IST) ou maladies sexuellement transmissibles (MST).

1. En tant qu’enseignant, bien se préparer à aborder le travail sur des questions sensibles

Vous vous retrouvez vraisemblablement face à deux défis spécifiques lorsque vous préparez des cours sur le VIH et le SIDA. Le premier est la confiance dans vos propres connaissances, et le deuxième le fait qu’il s’agit d’un sujet sensible et peut-être difficile à enseigner. Si vous avez quelque doute que ce soit sur le fait que l’éducation relative au VIH et au SIDA se fasse à l’école, vous devez en discuter avec votre chef d’établissement. Il est cependant important que tout le monde comprenne ce que sont le VIH et le SIDA.

Il est très important que vous soyez bien préparé(e) avant d'aborder ce sujet avec vos élèves. Vous devez connaître les faits et vous préparer à répondre à des questions qui peuvent vous paraître difficiles. Cette section va vous aider à bien vous préparer à enseigner ce que sont le VIH et le SIDA.

Vous devez aussi penser aux élèves de votre classe et à la manière dont chaque élève pourrait réagir à ce sujet. Ce que vous traiterez va beaucoup dépendre de l’âge de vos élèves et de ce que vous croyez qu’ils savent déjà sur le sujet.

Étude de cas 1 : Préparer des cours sur le VIH/le SIDA

Mme Kondo du Togo se préparait à faire des cours sur le VIH et le SIDA à ses élèves de CE2 (cours élémentaire deuxième année), et elle était plutôt angoissée. Que ferait-elle si les élèves posaient des questions auxquelles elle ne pourrait pas répondre  ? Elle savait qu’il était important de bien se préparer et réfléchissait à la façon dont elle pourrait le faire. Elle a pris des notes sur les choses qu’elle devait faire.

1.    Parler au professeur de CM1 (cours moyen première année). Il a participé à un atelier sur le VIH et le SIDA à Lomé. Lui demander s’il a encore des notes de cet atelier ou des ressources qu’elle pourrait emprunter.

2.    Chercher à la bibliothèque de l’école s’il y a des livrets ou d’autres informations destinées aux élèves ou aux enseignants.

3.    Demander au chef d’établissement s’il y a un conseiller VIH et SIDA dans notre région et, au besoin, le contacter pour avoir du matériel de référence.

4.    Voir s’il y a des ONG ou des dispensaires en ville qui auraient des informations sur le VIH et le SIDA.

5.    Rassembler toutes les ressources, puis prévoir du temps pour toutes les consulter et prendre des notes sur les faits importants. Lire ces ressources en gardant à l’esprit l’âge des élèves et voir ce qui est utilisable.

6.    Réfléchir à la manière de rendre ce sujet facile à apprendre pour les élèves, et de leur donner la possibilité de discuter de leurs propres opinions. Comment s’assurer qu'ils peuvent apprendre sans être bloqués parce qu'ils sont embarrassés  ?

7.    Est-ce que nous devons avoir des « règles » spéciales pour discuter d’un sujet aussi sensible  ?

8.     Réfléchir à la manière d’évaluer ce que les élèves ont appris.

Après avoir fait sa préparation, Mme Kondo a enseigné son premier cours sur le VIH et le SIDA. Sa classe a commencé par être nerveuse, mais le cours s’est bien passé, ils ont écouté et bien participé. Un grand nombre d’entre eux a parlé du cours pendant la récréation. Certains ont posé des questions auxquelles elle a dit qu’elle répondrait lors de la leçon suivante.

Activité 1 : Se préparer à enseigner un cours sur le VIH et le SIDA

Préparez-vous en faisant des recherches sur ce que sont le VIH et le SIDA, et en réfléchissant à la manière dont vous allez enseigner ce sujet à vos élèves. (La Ressource 1 : Le VIH et le SIDA en Afrique donne des informations et des liens Internet utiles que vous pourrez utiliser).

Prenez des notes, en réfléchissant aux points suivants :

  1. Vérifiez avec votre chef d’établissement qu’il/elle est d’accord pour que vous fassiez cela.
  2. Où allez-vous trouver les informations  ?

    • Est-ce qu’il y a une personne-ressource dans votre école  ? Dans votre ville  ? Dans votre région  ?
    • Y a-t-il des ONG ou des centres médicaux qui travaillent sur la sensibilisation au VIH et au SIDA  ?
    • Comment est-ce que vous allez recueillir ces informations  ?
  3. Comment allez-vous vous rendre compte si les informations sont adaptées à vos élèves  ?
    • Réfléchissez à l’âge des élèves et à leur nombre dans la classe.
    • Comment allez-vous organiser la classe et répartir vos élèves  ?
  4. Est-ce que vos élèves pourraient bénéficier de la visite d’un expert local qui viendrait leur parler en s’appuyant sur votre travail en classe  ? Est-ce que cet expert devrait venir au début de ce travail ou plus tard  ?
  5. À quelles autres ressources avez-vous accès  ? Y a-t-il une salle informatique dans votre école où toute la classe pourrait avoir accès à Internet et où vous pourriez recueillir des informations  ?
  6. Est-ce qu’il y a des élèves qui pourraient avoir une forte réaction à ce sujet  ? Comment allez-vous gérer les différentes réactions  ?
  7. Préparez votre cours d’introduction.

2. Préparer les élèves à la discussion de questions sensibles

La discipline est un point important dans toute classe. Cependant, le sujet du VIH et du SIDA peut provoquer chez les élèves des réactions qui sont différentes de la manière dont ils se comportent lors des autres cours. Dans le Module 1, Section 4, vous avez élaboré un règlement pour la classe. Il est possible que vous ayez besoin d'ajouter des règles pour encourager les discussions ouvertes au sujet du VIH, du SIDA et de l'activité sexuelle. Il peut être utile de discuter avec votre classe des raisons pour lesquelles des règles spéciales sont nécessaires pour ce sujet ; vous pourriez aussi leur demander de suggérer les règles eux-mêmes.

La Ressource 2 : L’atmosphère de la classe donne quelques directives sur la manière de vous assurer que la classe est un environnement dynamique et rassurant dans lequel vos élèves peuvent explorer ce sujet du VIH et du SIDA.

Étude de cas 2: Prendre en charge des élèves difficiles dans la classe

Muyolé était très fatiguée – la journée avait été difficile. Elle est enseignante stagiaire à l’école primaire de Zogbégan et son responsable de formation lui a demandé de donner quelques leçons aux CE2, CM1 CM2 sur les IST/VIH et SIDA. Elle ne se sentait pas très sûre d’elle-même. Elle avait eu quelques cours sur le sujet lorsqu’elle était en formation (voir Ressource 2), ce qui l’a aidée à se préparer. Elle avait été assez confiante lorsqu'il avait fallu faire cette leçon aux élèves les plus jeunes, mais la classe de CM2 l'inquiétait.

Il y a de nombreux garçons qui sont assez âgés dans cette classe, et Muyolé était certaine qu’ils perturberaient le cours.

Elle avait raison, elle venait de commencer la première leçon par les nouvelles règles de la classe, quand Kossi a commencé à lui poser des questions sur sa propre vie sexuelle. Elle a d’abord été choquée, mais lui a rapidement répondu de ne pas parler des cas personnels et a continué. Puis, pendant le travail de groupe, la classe est devenue très chahuteuse et bruyante, riant beaucoup, et son responsable de formation a dû venir voir ce qui se passait.

Muyolé a séparé le groupe de garçons qui faisait du bruit, mais quand ils ont fait leur compte-rendu à la classe, Kossi et ses copains ont constamment fait des descriptions explicites de comportements sexuels pour faire rire la classe et gêner Muyolé. Elle leur a rappelé les règles de la classe. Elle leur a dit qu’ils pourraient ne pas participer à la suite de l’activité s'ils n'arrivaient pas à se comporter de façon responsable. Elle a réussi à s’en accommoder en ignorant la plus grande partie de leurs commentaires ou en les détournant pour revenir au sujet. Mais cela avait été fatigant et elle a été contente d’entendre la cloche sonner à l'heure de la sortie. La fois suivante, elle s'est entretenue avec ces garçons avant le cours leur parlant du respect et de ce qu’elle ferait s’ils continuaient à se comporter de la sorte. Elle voulait essayer de leur faire comprendre l’importance du sujet.

Activité 2: Créer un environnement dynamique d’apprentissage

Tout d’abord, lisez la Ressource 2.

Une partie de la préparation de votre enseignement au sujet du VIH et du SIDA implique la préparation de vos élèves en plus de ce que vous préparez vous-même. Vous avez déjà appris à développer des règles de classe visant à favoriser un apprentissage efficace sur des sujets sensibles. Maintenant vous devez le faire avec votre propre classe.

  1. Expliquez à la classe que vous allez travailler sur le VIH et le SIDA.
  2. Passez en revue le règlement de classe que vous avez déjà, en organisant la classe en groupes qui vont discuter pour savoir s'il est adapté.
  3. Demandez à chaque groupe de réfléchir à un maximum de trois règles qu’il voudrait appliquer pendant ce travail.
  4. Chaque groupe suggère ses règles supplémentaires qui sont écrites au tableau.
  5. Avec toute la classe, mettez-vous d’accord sur les règles supplémentaires que vous voulez.
  6. Discutez de toutes les règles avec la classe, y compris des nouvelles, et assurez-vous que tout le monde a bien compris pourquoi ces règles sont nécessaires pour ce sujet.
  7. Qu’allez-vous faire s’ils ignorent les règles  ? Mettez-vous d’accord avec la classe sur les limites ou les sanctions que vous utiliserez.

3. Utiliser les quiz et les jeux de rôle pour aborder des questions sensibles

Si les élèves doivent apprendre de façon active, alors ils doivent être physiquement ou mentalement actifs – ou les deux ! Il y a de nombreuses manières qui peuvent vous permettre de favoriser un apprentissage actif pour assurer que vos élèves tirent le maximum des cours. Les méthodes que vous utiliserez pour enseigner les sujets du VIH et du SIDA vont beaucoup dépendre de la taille de votre classe et de l’âge de vos élèves – et aussi de ce que vous savez au sujet des méthodes d’apprentissage qu’ils préfèrent.

Vous savez que le jeu de rôle est une bonne stratégie pour aider les élèves à discuter de sujets sensibles. Lors des cours sur le VIH et le SIDA, cette méthode permettra aux élèves de discuter de situations qui ne sont pas les leurs et de réfléchir à la manière dont cela se rapporte à leurs propres expériences. C’est ce qui est utilisé dans l’Activité clé.

Une autre méthode efficace est celle du quiz (voir Ressource 3 : Quiz sur le HIV et le SIDA). Dans l’Étude de cas 3, une enseignante utilise un quiz pour savoir ce que savent déjà ses élèves de primaire sur le VIH et le SIDA.

Étude de cas 3: Utiliser un quiz pour favoriser l'apprentissage au sujet du VIH et du SIDA

Marie a utilisé Internet pour se préparer au travail sur le VIH et le SIDA avec sa classe. Elle a la chance d’être en train de suivre une formation complémentaire par apprentissage à distance et a accès à la salle informatique du centre d’étude.

Elle a trouvé un site Internet qui donne des activités pour la classe et a décidé d’essayer celle décrite en Ressource 4 : Le cercle de la transmission.

Marie a suivi les instructions et a trouvé la méthode très utile pour découvrir certaines des idées fausses que ses élèves se faisaient au sujet des IST/VIH et du SIDA. Elle s’est rendu compte qu’avec les 76 élèves de sa classe cela prenait très longtemps et que c’était un peu chaotique.

Donc, la fois suivante, elle a réparti la classe en deux groupes, l’un des groupes écrivant ce qu’il savait ou pensait savoir sur les IST/VIH et le SIDA, pendant que l’autre groupe faisait l’activité. Au cours suivant, elle a interverti les activités des deux groupes. Entre les cours, elle a pu réfléchir à ce que les élèves savaient déjà ou pensaient savoir au sujet des IST/VIH et du SIDA et cela l'a aidée à préparer le cours suivant.

Activité clé : Jeu de rôle pour les cours sur le VIH et le SIDA

Préparez des cours comportant un jeu de rôle sur le thème du VIH et du SIDA (voir Ressource 5 : Jeu de rôle pour les cours sur le VIH et le SIDA)adapté à l’âge de vos élèves. S’ils sont d’âge sexuellement actif, vous devez vous concentrer sur la prévention. Voici quelques exemples de scénarios à utiliser :

  • Jean dit qu’il aime Marie. Un jour qu’ils sont seuls ensemble, Jean essaie de convaincre Marie d’avoir des rapports sexuels avec lui.
  • Jeannette, une fille jolie et intelligente, n’a pas toutes les belles choses que beaucoup de ses camarades de classe possèdent. Son oncle lui présente un de ses amis qui aime bien Jeannette et lui dit qu’il veut « s’occuper d’elle », mais seulement si elle veut bien avoir des rapports sexuels avec lui.

Vous pouvez utiliser ces scénarios pour discuter des problèmes en premier lieu, puis demandez à vos élèves de faire des jeux de rôle pour résoudre ces problèmes.

Avec des élèves plus jeunes, vous pouvez penser à des jeux de rôles qui traitent des idées fausses, telles que :

  • Prisca et Tina sont dans les sanitaires de l’école. Prisca voudrait aller aux toilettes mais elle dit qu’elle va attendre de rentrer à la maison, ou aller dans les bois, parce qu'elle ne veut pas attraper le SIDA.

Préparez un plan puis passez à l’enseignement de la leçon. À la fin, demandez-vous : Est-ce que ça s’est bien passé  ? Qu’est ce que vous avez bien fait  ? Comment pouvez-vous améliorer votre approche, afin d’aider les élèves à comprendre et à se sentir en sécurité  ?

Ressource 1: Le VIH et le SIDA en Afrique

Information préliminaire ou connaissance du sujet

VERSION WEB

Vous trouverez des informations utiles sur le VIH et le SIDA sur les sites suivants :

http://www.who.int/ topics/ hiv_aids/ fr/ Le site de l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS)

http://www.aides.org/: C’est la page d’accueil Internet de la première association française de lutte contre le SIDA. Cette association reconnue d'utilité publique qui se nomme AIDES et qui est basée en France. Vous trouverez des informations utiles pour les enseignants sur ce site.

http://www.sidaction.org/ Sidaction travaille à la lutte contre le sida, en France et dans les pays en développement. Il œuvre aussi pour la collecte de fonds. Cliquez sur le bouton Sidaction pour des informations sur le SIDA et sur le Bouton Grandir (en bas de la colonne de droite) pour le site qui concerne le SIDA et les enfants

http://www.avert.org/

http://www.avert.org/: Pour ceux d’entre vous qui parle anglais, ce site constitue une mine d’information

VERSION TEXTE :

Données utiles sur le VIH et le SIDA et statistiques pour l’Afrique subsaharienne.

Le site de AIDES et celui de l’UNICEF (voir ci-dessous) donnent les chiffres que vos élèves peuvent vous demander. Ces chiffres sont régulièrement actualisés.

Voici un résumé des statistiques pour l’Afrique. Vous trouverez plus de détails pour votre propre pays sur le site Internet de l’UNICEF.

Une mère et son enfant à l’hôpital du district de Nsanje au Malawi, tous deux sont séropositifs

L’Afrique subsaharienne est plus atteinte par le VIH et le SIDA que toute autre région du monde. On estime que 22,5 millions de personnes dont 2,3 millions d’enfants vivaient avec le VIH fin 2009. Lors de la même année, on estime que l’épidémie a emporté les vies de 1,3 millions de personnes dans cette région. Presque 15 millions d’enfants sont orphelins à cause du SIDA.

L’ampleur de l’épidémie apparaît clairement seulement maintenant dans de nombreux pays africains, parce que de nombreux porteurs du VIH commencent à tomber malades. En l’absence d’une prévention, de traitements et de soins massivement répandus, on peut s’attendre à ce que la mortalité liée au SIDA sur ce continent continue de s'accroître. Cela signifie que l'impact de l'épidémie sur ces sociétés sera surtout ressenti au cours des dix prochaines années et au-delà. Ses conséquences sociales et économiques sont déjà largement ressenties, non seulement dans le secteur de santé, mais aussi au niveau de l’éducation, de l’industrie, de l’agriculture, du transport, des ressources humaines et de l’économie en général.

De quelle façon sont affectés différents pays d’Afrique  ?

Les taux d’infection par le VIH sont très variables suivant les différents pays d'Afrique (voir le tableau page 3 de cette ressource. En Somalie et au Sénégal, la fréquence demeure inférieure à 1 % de la population adulte, alors qu’en Afrique du Sud, environ 18% des adultes sont infectés.

On a noté une régression légère de la proportion de la population infectée dans la majorité des pays. Cependant, dans trois pays du sud de l’Afrique où la fréquence de l’infection des adultes par le VIH avait augmenté plus rapidement qu’on ne l’imaginait possible, le taux demeure au-dessus des 20 %. Ces pays sont le Botswana (24,8 %), le Lesotho (23,6 %) et le Swaziland (25,9 %).

L’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale ont été moins affectées par le VIH, mais la fréquence de l'infection dans certains pays a augmenté progressivement jusqu’au milieu des années 2000. On estime que la proportion de personnes infectées dépasse les 5 % au Cameroun (5,3 %) et au Gabon (5.2 %).

Le taux d’infection au niveau national est resté relativement faible au Togo. Parmi les 15-49, le taux était de à 3,3 % en 2009. Mais les résultats d’autres recherches montrent que les taux d’infection par le VIH varient beaucoup selon les régions. On estime qu'entre 99 000 et 150 000 de Togolais de tous âges vivent avec le VIH. Le site http://ifcs.jeun.fr/ t3999-stage-conventionnel-2011-prevention-vih-sida-au-togo décrit les actions en place au Togo pour diminuer les taux d’infection.

Adapté du Site Web de Avert, (http://www.avert.org/) avec des informations complémentaires de l’UNICEF (http://www.unicef.org/french/infobycountry/togo_statistics.html#76)

VIH et SIDA Taux de prévalence chez les adultes (15-19 ans)

Estimation : fin 2003Estimation : 2009
Afrique subsaharienne7,5
Afrique de l’Est et Afrique australe10,2
Afrique du Sud21,517,8
Botswana37,324,8
Burundi6,03,3
Kenya6,76,3
Lesotho28,923.6
Malawi14,211
Ouganda4,16.5
Rwanda5,12,9
Somalie-0,7
Swaziland38,825,9
Tanzanie8,85,6
Zambie16,513,5
Zimbabwe24,614,3
Afrique de l’Ouest et Afrique centrale4,8
Burkina Faso4,21,2
Cameroun6,95,3
Côte d’Ivoire7,03,4
Gabon8,15,2
Ghana3,11,8
Mali1,91
Niger1.20.8
Nigéria5,43,6
Sénégal0,80,9
Tchad4,83,4
Togo4,13,2
Afrique du Nord
Soudan2,31,1

- : données non disponibles.

Source : http://www.unicef.org/ french/ aids/ files/ sowc06_table4_fr.pdf et information par pays : index : http://www.unicef.org/ french/ infobycountry/ index.html

Ressource 2: L’atmosphère de la classe

Information préliminaire ou connaissance du sujet

Les élèves peuvent réagir aux cours sur le VIH, le SIDA et les IST (infections sexuellement transmissibles) de différentes façons. Ils peuvent :

  • poser des questions pour essayer de vous embarrasser
  • rester silencieux parce qu’ils sont eux-mêmes embarrassés
  • essayer de choquer ou d’amuser en décrivant des comportements sexuels explicites
  • poser des questions personnelles sur votre vie privée
  • faire des commentaires qui les livrent au ridicule ou aux critiques des autres élèves.

Pour vous permettre de garder ces situations sous contrôle, il est important de fixer des règles dans la classe. Celles-ci doivent être parfaitement claires pour les élèves avant que vous ne commenciez. Vous pouvez laisser les élèves discuter et créer leurs propres règles, ou vous pouvez commencer par leur donner une liste et leur demander de discuter pour savoir si elles sont justes, et pourquoi elles sont importantes. Votre liste peut comprendre :

  • Les élèves doivent se traiter réciproquement d’une façon positive et montrer des égards envers ce que ressentent les autres.
  • Les élèves ne doivent pas discuter des questions personnelles qui ont été abordées en cours avec d’autres personnes en dehors de la classe.
  • Les élèves doivent éviter de s’interrompre les uns les autres.
  • Les élèves doivent s’écouter les uns les autres et respecter les opinions des autres.
  • Les élèves et les enseignants ont un droit de dire « Pouce », c’est-à-dire de demander qu’on abandonne la session si les questions deviennent trop personnelles.
  • Pas de rebuffades – même si vous n’êtes absolument pas d’accord avec quelqu’un, vous ne devez pas rire, vous moquer ou utiliser un langage qui ferait que cette personne se sentirait rabaissée.
  • Les élèves auront la possibilité de poser leurs questions de façon anonyme au professeur.

N’oubliez pas que les règles s’appliquent au professeur aussi bien qu’aux élèves.

Stratégies possibles pour que les cours soient productifs

Les jeunes ont souvent tendance à ricaner quand on leur parle de sexe. Cela doit être autorisé au début parce que cela permet de rompre la glace lorsqu’il s’agit de discuter de sexualité, mais encouragez-les à avoir une attitude positive.

Répliquez aux déclarations qui critiquent ou renforcent les stéréotypes (par exemple, sous-entendre que certains groupes ethniques sont responsables de l’épidémie de SIDA) en discutant des implications de ces déclarations.

Montrez de l’assurance lorsque vous vous trouvez dans une situation délicate : par exemple, dites « Ce sujet n’est pas opportun dans ce cours. Si vous voulez en discuter, nous pourrons le faire après les cours. »

Évitez de critiquer ouvertement les réponses – de manière à ce que les élèves soient encouragés à exprimer leurs opinions ouvertement et honnêtement.

Présentez les deux côtés des questions sujettes à controverse.

Évitez de porter des jugements sur ce qui est dit.

Il peut être préférable de séparer filles et garçons en plaçant les filles d’un côté et les garçons de l’autre dans les activités de groupe qui pourraient les embarrasser, ou de les mettre en groupes susceptibles de travailler plus efficacement.

Aider les élèves anxieux

Vous savez que votre principale responsabilité est de vous assurer en premier lieu que vous connaissez les éléments que vous devez enseigner au sujet du VIH et du SIDA. Vous devez bien vous préparer. Cela vous aidera à vous sentir en confiance lorsque vous traiterez ce sujet difficile.

Il est utile de réfléchir à l’avance à ce que vous allez répondre aux élèves qui pensent avoir été exposés au VIH. Il est important que vous vous comportiez d’une manière telle que les élèves qui ont ce souci se sentent à l’aise lorsqu'ils vous demandent conseil.

Il est important que vous écoutiez un élève qui vous aborde à ce sujet, sans imposer vos valeurs, vos jugements moraux ou vos opinions. Essayez de ne pas poser de questions orientées ou grivoises au sujet de leur comportement.

Une partie de votre préparation consiste à savoir quels sont les services spécialisés dans le VIH et le SIDA qui sont disponibles dans votre communauté. Renseignez-vous pour savoir quels sont les dispensaires ou les ONG qui offrent des conseils et de l'aide aux jeunes, afin de savoir où vous pouvez envoyer vos élèves, si nécessaire.

Faites bien passer le souci que vous avez de la santé des élèves et, lorsque cela est approprié, dites-leur que vous connaissez des services qui peuvent leur apporter de l’aide. Offrez-leur de lancer la procédure en contactant une organisation au choix de l’élève.

Continuez à aider l’élève concerné en lui demandant de temps en temps, confidentiellement, s’il a besoin de plus d’informations, s’il a fait quelque chose, ou s’il est encore ennuyé au sujet de quelque chose qui a un rapport avec votre conversation.

Adapté de School Health Education to Prevent AIDS & STD (1999) – (Éducation sanitaire à l’école pour prévenir le SIDA et les MST) Organisation Mondiale de la Santé/UNESCO

Ressource 3: Quiz sur le HIV et le SIDA

destinée à l’usage des élèves

Ce quiz est une traduction d’un quiz en anglais et en ligne sur http://www.avert.org/ generalquiz.htm

Vous pourrez trouver un quiz en français pour les jeunes sur le SIDA sur internet sur:

http://www.quizz.biz/ quizz-201607.html

Cochez ce que vous pensez être la réponse exacte.

1.Est-ce que le VIH n’atteint que les homosexuels  ?
Ouio
Nono
Seulement les hommes homosexuelso
Seulement les femmes homosexuelleso
2.À peu près combien de personnes vivent avec le VIH dans le monde  ?
38,6 millionso
25,8 millionso
3,5 millionso
3.Comment pouvez-vous savoir si quelqu’un a le VIH ou le SIDA  ?
Par la manière dont cette personne se comporteo
Cette personne aura l’air fatiguée et maladeo
Ce n’est pas facile de le savoiro
4.Pouvez-vous attraper le SIDA en buvant dans une tasse déjà utilisée par une personne infectée  ?
Ouio
Nono
Seulement si la tasse n’a pas été lavéeo
5.Quand est-ce que le SIDA a été défini pour la première fois  ?
1997o
1987o
1982o
6.Qu’est-ce qui vous protège le mieux contre l'infection du VIH  ?
Les préservatifso
La pilule contraceptiveo
Les gels spermicideso
7.Quels sont les symptômes particuliers au SIDA  ?
Il n’y a pas de symptômes particulierso
Des démangeaisons des pieds à la têteo
Un air très fatiguéo
8.Qu’est-ce que le VIH  ?
Un viruso
Une bactérieo
Un champignono
9.Est-ce que les insectes peuvent transmettre le VIH  ?
Seulement les moustiqueso
Ouio
Nono
10.Que veut dire l’acronyme MST  ?
Maladie sexuellement transmissibleo
Médecin spécialiste traitanto
Maladie standard thérapeutiqueo
11.Est-ce qu’il y a un traitement pour le SIDA  ?
Ouio
Nono
Seulement sur ordonnance du médecino
12.Quand a lieu la Journée Mondiale du SIDA  ?
Le 1er janviero
Le 1er décembreo
Le 1er juino
13. Dans le monde entier, quelle est la plage d’âges la plus touchée par le VIH  ?
0 à 14 anso
15 à 24 anso
25 à 34 anso
14.Qu’est-ce qui vous protège le mieux contre l'infection du VIH  ?o
Oui, le VIH est le virus qui provoque le SIDAo
Non, le VIH et le SIDA sont la même choseo
Oui, le SIDA est le virus qui provoque le VIHo
15.Quel est le pourcentage des femmes parmi les personnes infectées  ?
Presque 25 %o
Presque 50 %o
Presque 75 %o
16.Est-il possible de réduire le risque qu'a une femme séropositive d’infecter son bébé  ?
Oui, le risque peut être fortement réduito
Non, pas du touto
Seulement un peuo

Réponses

QuestionRéponse
1.non
2.38,6 millions
3.ce n’est pas facile de le savoir
4.non
5.1982
6.préservatifs
7.il n’y a pas de symptômes particuliers
8.un virus
9.non
10.maladie sexuellement transmissible
11.non
12.1er décembre
13.15 à 24 ans
14.oui, le VIH est le virus qui provoque le SIDA
15.presque 50 %
16.oui, le risque peut être fortement réduit

Ressource 4: Le cercle de la transmission

Ressources que les enseignants doivent planifier et adapter au niveau ou aux besoins des élèves

Vous pouvez utiliser cette méthode pour tous les groupes d'âge, en adaptant les questions pour qu'elles correspondent au niveau des enfants. Cette description est plus particulièrement adaptée aux élèves les plus âgés d'école primaire.

Objectifs

  • Évaluer les niveaux de sensibilisation à la manière dont le VIH est transmis.
  • Encourager les membres du groupe à réfléchir au sujet des diverses voies de contamination.

Ce dont vous avez besoin

  • Une pièce assez spacieuse, permettant une libre circulation. Sinon, vous pouvez aller dehors.
  • Une copie que vous gardez par-devers vous de la feuille de questions vrai/faux du cercle de transmission, ainsi que la feuille de réponses.
  • Deux grandes feuilles de papier indiquant « JE SUIS TOUT À FAIT D’ACCORD » et « JE NE SUIS PAS DU TOUT D’ACCORD ».
  • Des punaises.
  • La durée – jusqu’à 60 minutes en fonction du nombre de déclarations que vous allez utiliser, et de la taille du groupe.

Ce que vous devez faire

  • Mettez les feuilles indiquant « JE SUIS TOUT À FAIT D’ACCORD » et « JE NE SUIS PAS DU TOUT D’ACCORD » sur les murs opposés de la pièce, ou sur des murs ou arbres aux deux bouts de la cour de récréation.
  • Expliquez à l’ensemble du groupe que vous allez lire une série de déclarations, une à la fois. Chaque enfant doit réfléchir à s’il est d’accord ou pas d’accord avec la déclaration, et aller du côté correspondant de la pièce/de la cour. Un enfant peut rester au milieu s'il ne sait pas quoi répondre.
  • Lisez la première déclaration. Une fois que tout le monde est rendu à l’endroit choisi, demandez-leur de parler à une personne à proximité et de discuter de la raison pour laquelle ils ont choisi cet endroit.
  • Maintenant, demandez de choisir une personne qui est aussi loin que possible et de discuter de la déclaration avec cette personne, en expliquant pourquoi chacun d’entre eux a choisi d’être là où il ou elle est.
  • Répétez la même procédure avec autant de déclarations que vous pouvez en fonction du temps imparti.
  • Regroupez tout le monde, et en faisant le tour du groupe, demandez à chacun d'identifier une information qu'il trouve confuse ou peu claire. Demandez aux membres du groupe s’ils peuvent clarifier ces questions, et intervenez vous-même si besoin est.

Résultats probables

À la fin de l’exercice, les zones qui restent incertaines seront clairement définies. Chacun aura eu une chance de réfléchir aux façons dont se transmet le VIH et d’en discuter avec les autres membres du groupe. Il sera également clair que les voies de transmission du VIH sont très spécifiques, par exemple ce n’est pas le « sexe » qui transmet le virus, mais les rapports sexuels incluant une pénétration.

Il est aussi possible que certaines personnes deviennent agressives pendant cet exercice et que vous deviez intervenir pour régler des disputes.

Feuille de questions vrai/faux

VraiFaux
1.Vous pouvez être infecté(e) par le HIV en ayant des rapports avec n’importe qui
2.Vous pouvez être infecté(e) par le VIH si vous vous injectez des drogues
3.Vous pouvez être infecté(e) par le VIH en vous asseyant sur des sièges de toilettes
4.Si vous êtes en pleine forme et en bonne santé vous ne serez pas infecté(e) par le VIH
5.Les gens mariés ne peuvent pas être infectés par le VIH
6.Si vous n’avez qu’un seul partenaire, vous ne serez pas infecté(e) par le VIH
7.Les femmes sont protégées du VIH tant qu’elles utilisent un contraceptif
8.Vous pouvez être infecté(e) par le VIH en échangeant vos brosses à dents
9.Si vous avez des rapports sexuels avec des personnes qui ont l’air en bonne santé, vous ne serez pas infecté(e) par le VIH
10.Si vous avez des rapports sexuels uniquement avec des personnes que vous connaissez, vous ne serez pas infecté(e) par le VIH
11.Les rapports anaux entre deux hommes sont plus risqués que les rapports anaux entre un homme et une femme
12.Vous pouvez être infecté(e) par le VIH en vous embrassant
13.Un homme peut être infecté par le VIH s’il a des rapports buccaux avec une femme
14.Une femme peut être infectée par le VIH si elle a des rapports buccaux avec un homme
15.Les préservatifs peuvent vous empêcher d’être infecté(e) par le VIH

Feuille de réponses vrai/faux

  1. Avoir des rapports avec n’importe qui n’est pas en soi risqué, mais avoir des rapports non protégés avec une personne infectée, l’est. En utilisant des préservatifs de façon adéquate et en évitant les rapports sexuels avec pénétration, vous pouvez considérablement réduire les risques d’infection.
  2. Seulement si l’aiguille ou la seringue a été préalablement contaminée par le VIH.
  3. On ne connaît pas de cas d’infection par les sièges de toilettes.
  4. Le fait que vous soyez en bonne ou en mauvaise santé n’a pas d’importance, si vous vous engagez dans des activités à risque, vous avez une chance d’être infecté(e).
  5. Cela dépend des partenaires en question, de ce qu’ils ont fait avant de se rencontrer, de si l'un a eu des rapports non protégés en dehors du mariage ou s'est injecté des drogues à l'aide d'ustensiles contaminés. Le mariage par lui-même n’offre aucune garantie de sécurité.
  6. Comme pour la question 5.
  7. Seuls les préservatifs offrent une protection contre le VIH aux femmes, et même les préservatifs ne sont pas une garantie totale de sécurité. Les autres formes de contraception n'offrent aucune protection contre le VIH.
  8. Il n’y a aucune preuve de transmission par cette voie, mais il est préférable de ne pas échanger les brosses à dents pour des raisons d'hygiène générale.
  9. La plupart des gens qui ont le VIH ont l’air en parfaite bonne santé. L’air qu’ils ont est par conséquent un témoin totalement inutile pour évaluer le risque.
  10. Bien connaître quelqu’un n’offre aucun indice valable pour savoir si cette personne est contaminée ou non par le VIH.
  11. Les rapports anaux sont tout aussi risqués qu’ils soient entre deux hommes ou entre un homme et une femme.
  12. Il n’y a aucune preuve de transmission par cette voie, bien que le fait de s’embrasser avec des aphtes ou des blessures dans la bouche puisse comporter des risques.
  13. Le VIH est présent dans les sécrétions cervicales et vaginales ainsi que dans le sang du cycle menstruel, il y a donc une possibilité de transmission par cette voie.
  14. Le VIH est présent dans le sperme il y a donc une possibilité de transmission par cette voie.
  15. Les préservatifs utilisés correctement vont empêcher la transmission du VIH d’un partenaire infecté à un partenaire sain. Ils ne sont cependant pas sûrs à 100 %. Tous les lubrifiants utilisés doivent être à base aqueuse, les lubrifiants à base huileuse peuvent fragiliser les préservatifs. Lorsque vous achetez des préservatifs, n’oubliez pas de vérifier la date de péremption.

Ressource 5: Jeu de rôle pour les cours sur le VIH et le SIDA

Information préliminaire ou connaissance du sujet

Lorsque vous réfléchissez aux problèmes posés par un jeu de rôle, n’oubliez pas de vous assurer que celui-ci s'oriente vers les réactions ou le comportement positif. Les recherches ont indiqué que les messages effrayants et négatifs n’encouragent pas toujours une modification positive du comportement. Lors d’un jeu de rôle, les élèves jouent spontanément une situation. Cela signifie qu’ils prennent un rôle et décident sur le champ de ce qu'ils vont faire ou dire. Ils ne répètent pas et n’utilisent pas de script. Vous ne vous pouvez pas savoir exactement comment un jeu de rôle va se dérouler.

Les jeux de rôles peuvent :

  • permettre d’identifier les attitudes de différentes personnes
  • aider les élèves à explorer le comportement de groupe ou le comportement personnel
  • aider les élèves à voir que d’autres personnes ont les mêmes problèmes
  • aider les élèves à développer des compétences interpersonnelles
  • donner une façon de traiter des problèmes sensibles ou délicats
  • aider les élèves à voir les choses avec le point de vue de quelqu’un d’autre
  • aider les élèves à prendre un comportement assuré
  • aider les élèves à explorer des situations qui posent problème, sans révéler quoi que ce soit de personnel au sujet de leurs propres connaissances, croyances, expériences ou situations.

Astuces pour l’organisation et le déroulement des jeux de rôles

  • Écrivez le problème au tableau et sur des feuilles de papier.
  • Laissez les élèves lire la situation et y réfléchir.
  • Donnez à chaque élève une carte de rôle, lui expliquant quel sera son rôle, et laissez-lui le temps de réfléchir à ce qu'il/elle va dire. Cette préparation peut être faite par des groupes d’élèves dont tous les membres auront le même rôle. (Cette méthode fait réfléchir les élèves sur leurs rôles plutôt que sur la situation dans son ensemble et peut par conséquent aboutir à une meilleure implication dans le jeu de rôles).
  • Un garçon peut jouer le rôle d’une fille et vice-versa.
  • Laissez le temps nécessaire à la discussion, en alimentant celle-ci par des questions telles que :
    • Qu’est-ce que le personnage X aurait pu faire différemment  ?
    • Quelles sont les raisons du comportement du personnage X  ?
    • Que ressentent les différents personnages  ?