8.1 Formes de soutien pour les élèves

Il existe plusieurs manières d’apporter un soutien aux élèves pour leur permettre d’accéder à l’apprentissage.

a.  Formes de soutien intégrées aux techniques d’enseignement : lorsque l’enseignant prépare ses leçons, il est important qu’il décide de quel soutien les élèves auront besoin pour faire le travail attendu d’eux : par exemple le choix et ou l’adaptation des activités et des ressources, le questionnement habile. Une fois qu’il a établi le soutien nécessaire à ses élèves, l’enseignant doit le planifier avec soin.

Etude de cas 12 : Le conseil d’école de Mme Dalok

Mme Dalok est directrice d’une école primaire publique à Adétikopé au Togo. A cette rentrée l’école va accueillir des enfants handicapés : un enfant handicapé moteur avec un défaut d’acuité visuelle et un enfant malentendant. La directrice fait le tour de son établissement avec ses 5 enseignants pour établir ce qu’il faut prévoir. Le troisième point sur son ordre du jour pour la visite est :

3. Le soutien intégré aux cours

Mme Dalok : Mme Laban, c’est vous qui recevez cet enfant handicapé moteurdans votre classe. Avez-vous pensé à ce que vous pourriez faire pour lui ? Rappelez-vous qu’il a aussi un handicap visuel. Il ne voit pas bien. Mais vous pouvez tous donner vos idées pour aider Mme Laban à mieux intégrer cet élève.

Mme Laban : J’ai pensé que je pourrais le placer à l’endroit où il voit le mieux le tableau.

M. Adji : Il faut aussi écrire lisiblement et bien gros ; lire à voix haute ce qui est écrit au tableau et penser à préparer tous les matériels en conséquence : matériels imprimés en gros caractères, images agrandies…

Mme Dalok : Merci. Nous allons rencontrer ses parents pour avoir plus d’informations sur son état et voir s’il a besoin de cahiers avec des lignes plus épaisses pour écrire.

Mme Laban : J’ai pensé qu’il faudra utiliser beaucoup d’objets à manipuler pour mieux apprendre. Je compte également mettre ses camarades à contribution ; il travaillera en binôme ou en petits groupes et sera ainsi aidé par ses camarades.

Mlle Karim : Si ses yeux sont très touchés, il faudra à travers des jeux lui faire connaitre les noms et les voix de ses camarades par l’écoute ou le toucher.

M. Eglo : Si ses yeux sont très touchés, dans ce cas, nous aurons besoin de l’aide des enseignants des écoles spécialisées pour enfants aveugles pour pouvoir nous en sortir car il leur faut des matériels spécifiques en sciences et en mathématiques. Il leur faut des matériels en écriture braille ; parfois même leur enregistrer des leçons sur cassette.

Mme Dalok : Nous aviserons. Maintenant parlons de notre élève malentendante, M. Adji. La plupart des dispositions dont nous avons parlé lui profiteront aussi. Mais plus spécifiquement, comment comptez-vous prendre en charge les besoins de cette enfant qui sera dans votre classe ? Les autres pourront aussi apporter leurs contributions.

M. Adji : D’abord je vais expliquer à ses camarades les difficultés qu’elle rencontre, les précautions qu’ils doivent prendre quand ils s’adressent à elle. Dans la classe, je vais la placer le dos à la lumière, non loin du tableau et de façon à ce qu’elle voie mon visage et celui d’autres élèves quand nous parlons et nous devons articuler clairement, avec un débit plus lent. Je compte la placer près d’un bon élève accueillant qui peut lui apporter son aide en cas de besoin. Elle pourra aussi bénéficier de cours polycopiés.

M. Eglo : En dictée, on peut lui donner des textes avec fautes à détecter pendant que ses camarades écrivent le texte. Mais si elle peut faire aussi la dictée, alors il faut aller plus lentement et ne pas parler le dos tourné. Il faut aussi vérifier si elle a compris les questions et les reformuler simplement et de manière différente.

Mme Dalok : Il faut veiller à ce que le matériel didactique soit composé d’objets, de jouets, de jeux, d’illustrations et de photos pour faciliter la compréhension et l’assimilation des notions à faire acquérir. Tous les autres élèves profiteront aussi de ces dispositions qui faciliteront l’apprentissage de tous. Mais là encore on verra si la perte auditive est importante, comment travailler avec ses parents et des écoles spécialisées pour sourds et comment améliorer nos prestations. Parce que là, il nous faudra nous mettre à la langue des signes pour pouvoir communiquer avec elle.

Activité 31 : Techniques de soutien des élèves intégrées aux leçons

Cette activité permettra aux enseignants de commencer une collection de stratégies sur la manière de varier et adapter les activités et les ressources et d’utiliser les questions pour apporter un soutien aux élèves.

Soutien intégré aux activités

  • Préparezune feuille avec le titre « Soutien à intégrer aux activités »,
  • Au fur et à mesure que vous allez lire les documents suivants, notez les idées de soutien que vous trouvez pour permettre à tous les enfants de faire les activités décrites. S’il vous vient d’autres idées à l’esprit, ajoutez-les. Organisez vos notes pour qu’elles soient vraiment claires et utiles quand vous préparerez vos leçons.
  • Lectures à faire Lisez Un répertoire d’activités dans le chapitre Planifier et préparer des leçons pour tous les élèves. Lisez ensuite l’étude ce cas 12 : Le conseil d’école de Mme Dalokci-dessus.

Soutien par des ressources variées et ou adaptées

  • Préparezune feuille avec le titre « Soutien par les ressources »,
  • Au fur et à mesure que vous allez lire les documents suivants, notez les idées que vous trouvez sur des ressources variées et ou adaptées. S’il vous vient d’autres idées à l’esprit, ajoutez-les. Organisez vos notes pour qu’elles soient vraiment utiles quand vous préparerez vos leçons.
  • Lectures à faire : Des ressources pour tous (cliquez sur le lien) ou trouvez la section dans le chapitre Planifier et préparer des leçons pour tous les élèves de cette Boîte à Outils. Puis l’étude de cas 12 : Le conseil d’école de Mme Dalok ci-dessus.

Soutien par des questions appropriées  

  • Téléchargez la Ressource clé : Utiliser le questionnement pour développer la pensée [Astuce : maintenez la touche Ctrl enfoncée et cliquez sur un lien pour l’ouvrir dans un nouvel onglet (Masquer l’astuce)]  
  • En lisant cette ressource, annotez-la
    • en pensant au stade d’apprentissage atteint par vos élèves dans le thème étudié, de la découverte de la réflexion.
    • en pensant à vos élèves. Quel(s) type(s) de question utiliserez-vous pour permettre à vos élèves les plus faibles de trouver la bonne réponse ? Quel(s) type(s) de question poserez-vous pour aider vos élèves les plus doués à réfléchir encore plus et accroître leur capacité à résoudre des problèmes ?

Vous pouvez, si vous le souhaitez, préparer une fiche « Des questions pour apporter un soutien aux élèves » pour vous aider à préparer vos leçons.

Si vous travaillez avec un(e) collègue, partagez et discutez vos réponses et vos listes.

Conservez ces listes. Lorsque vous découvrirez de nouvelles stratégies d’évaluation pour l’apprentissage, ajoutez-les sur la liste qui convient.

b. Soutien par le travail de groupes

Activité 32 : Avantages du travail de groupes

Cette activité permettra aux enseignants de réfléchir sur la manière dont le travail de groupes les aide à apporter des soutiens divers à différents élèves.

Etude de cas 13 : Le remue-méninges d’un groupe d’enseignants sur les avantages du travail en groupes

  • Les élèves apprennent les uns des autres
  • Beaucoup plus d’élèves ont la parole dans le même temps
  • Les élèves timides se sentent en sécurité pour s’exprimer
  • Les idées des élèves qui n’osent pas s’exprimer devant la classe entière sont entendues et validées
  • Mon élève sourd peut écrire ses contributions et a une voix à travers le porte-parole du groupe
  • Les élèves peuvent faire des erreurs sans se sentir exposés devant toute la classe
  • Le travail de groupes, bien géré, permet le travail collaboratif et la participation de tous les enfants
  • Il y a beaucoup moins de place pour la parole de l’enseignant, ce qui laisse beaucoup plus de place pour celle des élèves
  • Quand les élèves travaillent en groupes, je peux circuler de groupe en groupe, écouter, prendre note des besoins individuels des élèves, intervenir pour leur apporter un soutien individuel ou poser des questions qui les poussent à trouver des solutions plus complexes
  • Si, en tant qu’enseignant, je réfléchis à l’avance à la composition des groupes et au travail que je vais donner à chaque groupe, je peux travailler avec différents groupes à différents moments pour, par exemple, apporter des soutiens différents aux plus faibles ou aux plus doués pour permettre à tous de s’essayer à des travaux qui les stimulent davantage.
  • Je peux donner des activités différentes à différents groupes de manière à rattraper les lacunes ou mettre en place les pistes de progression que j’ai notées au cours des dernières leçons
  • Je peux distribuer des fiches de soutien différentes à différents groupes
  • Je peux demander à un des parents qui m’aide dans la classe de travailler sur quelque chose de spécifique avec des élèves spécifiques

c.  Des formes spécialisées de soutien entre élèves

Etude de cas 14 : Alassane, un jeune Sénégalais sourd de naissance, livre un ou deux épisodes de sa scolarité

« Il n’existe aucun établissement d’études secondaires pour enfants sourds au Sénégal. En 6ème, le jour de la rentrée au collège pour tout le monde, la directrice m'a placé sur le premier banc... Ma voisine de banc a commencé à m'écrire sur un bout de papier. C’est là que j’ai compris l'importance de faire des progrès en français.

Heureusement que quelques enseignants ainsi que des camarades ont appris la langue des signes et le peu qu’ils connaissaient les a poussés à s’intéresser à moi et à m’aider.

Après le bac, j’ai participé au concours d’entrée à l’Institut Supérieur d’Informatique et j’ai été admis. Lors de la rentrée académique, j’étais embarrassé quand le personnel a pris la parole. Heureusement, il y a un étudiant, Mouhamed Lamine, qui connaît ma langue, l’ASL, langue des signes américaine, et qui avait terminé ses études l’année précédente. Il est venu signer les instructions du premier jour et des jours suivants. Il m’a aussi expliqué quelques cours difficiles à comprendre. »

Étude de cas 15 : Niamanto, une enfant albinos, parle du soutien qu’elle a reçu au cours de sa scolarité à Samanko au Mali.

... D'autres me soutenaient en classe, ma vision de face n’est pas bonne, donc mes camarades prenaient des notes pour moi ou me lisaient le tableau noir, d'autres me prêtaient leurs cahiers pour que je puisse copier les notes à la maison. Bien qu’assise au premier rang j’avais des problèmes pour bien voir. Quant au soutien des enseignants ... Je dois dire que pour le diplôme d’études fondamentales (DEF), il y a un enseignant qui a écrit aux autorités pour leur signaler qu’il y avait une enfant qui ne voyait pas bien dans l’école et que des sujets d’examen devraient être écrits en gros caractères pour elle. Et c’est vraiment arrivé : tous les sujets d’examen étaient en gros caractères.

Étude de cas 16 : Lélé a une légère déficience mentale. Il est en CE2 dans une école primaire publique de Boukoki au Niger. Sani, son frère, parle de ce qu’il fait quand il n’a pas cours lui-même.

« Je suis en 6ème et nous n’avons cours qu’un après-midi dans la semaine. Donc un ou deux après-midis par semaine, je vais à l’école de Lélé. Quand j’arrive, l’instituteur me dit exactement ce qu’il va faire et ce qu’il veut que je fasse avec mon frère. Le plus souvent, je lui répète les consignes du maître en m’assurant qu’il a bien compris et je l’observe et le guide quand il fait les activités. Mais, comme l’instituteur me l’a recommandé, je fais bien attention de ne pas faire le travail pour lui. Ce que je préfère, quand je vais à l’école de mon frère, c’est lire des histoires à un petit groupe, en leur montrant les images. Voir et comprendre ce qui se passe à l’école de mon frère est utile : je peux l’aider à la maison et expliquer à mes parents comment l’instituteur aide Lélé ».

Activité 33 : Ma copine et mon copain très spéciaux, mes alliés

Cette activité permettra aux enseignants de considérer la manière dont les élèves peuvent s’entraider et les conséquences pour tous.

  • Téléchargez la ressource « Tais-toi » dans la catégorie « Égalité des chances pour les élèves » des ressources audio.
  • Écoutez cette courte scène. Quel rôle Efe joue-t-elle auprès d’Ada ?

Penchez-vous maintenant sur ce qu’Alassane, Niamanto et Sani ont écrit sur leurs expériences à l’école dans les études de cas 14, 15 et 16.

  • Faites une liste des rôles que d’autres personnes peuvent jouer auprès d’élèves qui ont des besoins spéciaux ou spécifiques.
  • Si vous avez d’autres exemples de rôles que d’autres personnes peuvent jouer dans la classe, notez-les et décrivez ou expliquez ces rôles.

Quels avantages et quels inconvénients voyez-vous à la présence d’autres personnes dans la classe pour l’enseignant, les personnes recevant le soutien et pour les personnes le fournissant, ainsi que pour l’ensemble de la classe ?

Avant de réfléchir au rôle des enfants, notons encore une fois l’initiative de l’enseignant de Niamanto qui, dans ce cas, a favorisé l’accès aux questions de l’examen en contactant les autorités. Tous les enfants, eux, Efe, la petite fille sur le banc à côté d’Alassane, Mouhamed Lamine, les camarades de Niamanto et Sani jouent dans tous ces cas le rôle d’interprète ou d’intermédiaire entre l’enseignant et l’élève qui a des besoins spéciaux ou spécifiques. Mais ils sont aussi des copains très spéciaux qui donnent accès à l’apprentissage. Ce rôle est important pour l’enfant qui a des besoins spéciaux ou spécifiques, mais il faut aussi se souvenir que ces enfants-soutiens ont aussi leur droit à l’éducation et que l’enseignant doit s’assurer que le soutien qu’ils apportent à leur(s) camarade(s) ou membre de leur famille n’aliène pas ce droit et ne les empêche pas d’apprendre et de progresser.

d.Le soutien par les nouvelles technologies

Les enseignants ont maintenant de nouveaux alliés, les nouvelles technologies qui peuvent aussi être des soutiens importants.

Activité 34 : Remue-méninges des nouvelles technologies

This activity will allow teachers to identify technologies available in class.

Pour l’attribution des illustrations, voir page 68 CC Licence 3

Activité 35 : Utilisation inventive et créative des nouvelles technologies

Dans cette activité, les enseignants vont utiliser leurs connaissances des élèves avec des besoins spéciaux et spécifiques et leur imagination pour déterminer l’apport des nouvelles technologies dans le soutien à ces élèves.

Pour chacune des nouvelles technologies que vous avez choisies :

  • Écrivez au moins une et au maximum trois études de cas pour montrer comment cette technologie pourrait apporter un soutien à divers élèves.
  • S’il y a des défis spécifiques (hormis le coût) qui nécessitent que des dispositions spéciales soient prises, notez les défis et les dispositions spéciales qui permettraient de les relever.

Si vous travaillez avec d’autres collègues à l’intérieur ou à l’extérieur de votre établissement, mutualisez vos idées qui enrichiront les moyens d’apporter un soutien à tous les élèves. Sont-elles toutes réalisables ?

Il est impossible de dresser une liste exhaustive des possibilités, d’autant plus que les nouvelles technologies évoluent très vite. Mais prenons un ou deux exemples.

Le téléphone portable qui est un outil que beaucoup de personnes possèdent. En utilisant la fonction « Messages » du téléphone portable, un élève qui ne peut pas parler peut rapidement exprimer des idées ou des questions, et un élève sourd peut lire les consignes ou autre message court qu’un camarade envoie par SMS. Si le téléphone portable est doté d’une fente pour carte SD, il est possible d’enregistrer pour des élèves avec des déficiences visuelles les consignes ou les textes que le reste de la classe auront à lire. Il faudra vraisemblablement la permission du directeur de l’école et une discussion avec toute la classe pour convenir d’un code de conduite pour l’usage des téléphones dans la classe.

Sans doute moins facile d’accès, l’ordinateur portable qui peut être partagé dans la classe est un outil précieux. Un logiciel de traitement de texte permet d’écrire, de conserver ses écrits, de les rappeler, de les corriger, de les améliorer (avec ou sans la rétroaction de l’enseignant), et de ce fait permet à tous les enfants d’améliorer leurs productions. L’ordinateur sait aussi présenter les documents de manière soignée et nette et permet aux enfants qui ont des difficultés motrices et ont du mal à écrire d’être fiers de leurs productions. Certains logiciels permettent d’écrire à partir d’images ou de « parler » les textes écrits. Avec l’imagination et la créativité de l’enseignant, l’ordinateur peut permettre une multitude de soutiens différents à différents niveaux.

Et il y a d’autres technologies – telles la radio scolaire – qui offrent des sources d’activités qui vous permettront de varier et différencier les activités et de motiver les élèves.

Mais attention, les nouvelles technologies ne sont pas la panacée. Comme toute ressource, il faut les utiliser avec discernement.

e.  La gestion des stratégies de soutien, une manière de différencier

Sur les échafaudages pédagogiques, voir lecture complémentaire Échafaudage pédagogique

 Toutes les formes de soutien considérées ci-dessus constituent des échafaudages pédagogiques qui permettent de soutenir la construction des apprentissages. Au fur et à mesure que les élèves prennent de l’assurance et développent leurs propres stratégies d’apprentissage, donc que l’apprentissage devient plus solide, les échafaudages peuvent être retirés progressivement.

8. Un soutien approprié pour tous

8.2 Formes de soutien pour les enseignants