3.3.2 Déploiement dans les zones rurales, dans les zones reculées et dans les zones urbaines difficiles

Dans une stratégie de déploiement efficace, les enseignants sont affectés là où le besoin s’en fait le plus sentir. En particulier, une stratégie de déploiement doit garantir la présence d’enseignants dans les zones rurales reculées et les zones urbaines difficiles. Une telle stratégie doit tenir compte des réalités et des besoins spécifiques des établissements scolaires de ces zones ; elle doit permettre de trouver, de recruter et de conserver les enseignants qui ont les aptitudes et l’engagement nécessaires pour travailler dans ces établissements et sont capables de s’impliquer auprès des apprenants, de leurs parents et de la communauté au sens large, et de les motiver. Plusieurs stratégies prometteuses permettent le déploiement d’enseignants dans ces zones. Elles consistent à :Note de bas de page 14

  • récompenser le service dans les établissements difficiles à pourvoir en personnel par une évolution de carrière et une progression de la rémunération accélérées ;
  • associer des bonifications pédagogiques à des stages obligatoires en zone rurale ou reculée ;
  • mettre en œuvre des programmes accélérés qui permettent aux enseignants se destinant à des postes de direction d’accéder aux programmes de Master ou à une formation en gestion de l’éducation à la suite d’une période minimale de service dans un établissement difficile à pourvoir ;
  • sélectionner et former les étudiants qui se montrent motivés pour servir dans les zones rurales ou reculées ;
  • former et recruter des étudiants originaires de zones rurales ou reculées ;
  • faciliter le perfectionnement professionnel du personnel éducatif en milieu rural ;
  • fournir un accès au PPP à distance, notamment aux programmes à distance visant à améliorer les qualifications universitaires ou les qualifications en gestion de l’éducation ;
  • supprimer les frais d’accès aux programmes de formation à distance ;
  • offrir des congés d’études ;
  • mettre à disposition des smartphones, des lecteurs numériques ou des ordinateurs portables et des connexions Internet mobiles pour le PPP ;
  • offrir des facilités d’hébergement et/ou de transport ;
  • proposer des incitations financières réelles, qui ne sont pas annulées par d’autres incitations ou avantages, et qui sont suffisamment substantielles pour motiver le changement ;
  • favoriser l’interaction entre le personnel éducatif des zones urbaines et celui des zones rurales.

Comme évoqué ci-avant, pour répondre aux besoins des établissements scolaires des zones difficiles d’accès, il est également possible de recruter et de former des enseignants locaux, qui sont plus susceptibles d’être bien acceptés et intégrés dans la communauté locale, parlent déjà la langue locale et sont prêts à rester dans l’établissement ou dans la localité. Il importe de reconnaître que ces stratégies ne s’excluent pas mutuellement : une stratégie d’affectation peut comprendre, par exemple, l’emploi et la formation d’enseignants locaux et, dans le même temps, l’attraction d’enseignants originaires d’autres zones géographiques à l’aide d’incitations substantielles, ce qui favorise la diversité et la qualité du personnel enseignant des établissements scolaires difficiles à pourvoir. Les stratégies incitatives ne sont efficaces que si elles s’inscrivent dans le cadre d’une politique bien conçue et mise en œuvre qui permet d’atténuer efficacement les effets pervers et imprévus.

ENCADRÉ 3.8 : STRATÉGIES VISANT À ASSURER UNE RÉPARTITION ÉQUITABLE DES ENSEIGNANTS EN ASIE DU SUD-EST

Les pays de l’Organisation des ministres de l’éducation de l’Asie du Sud-Est (Southeast Asia Ministers of Education Organization – SEAMEO) ont adopté un certain nombre d’incitations créatives visant à assurer l’affectation d’enseignants là où le besoin s’en fait sentir : création de postes spéciaux d’enseignants pour les zones très reculées (à l’instar du programme des enseignants mobiles aux Philippines) ; systèmes de primes ou autres incitations destinées à attirer les enseignants vers les communautés mal desservies (indemnité de logement en République démocratique populaire lao, allocations spéciales pour certaines matières ou financement de projets au Viet Nam) ; allocations de formation en échange d’affectations convenues dans des zones reculées (Indonésie et République démocratique populaire lao) ; primes et récompenses (Chine, Philippines et Viet Nam) ; développement des classes à plusieurs niveaux dans les petites circonscriptions scolaires (République démocratique populaire lao et Indonésie) ; programme d’enseignants itinérants (Philippines) ; recrutement local, formation dans le cadre du service à proximité des lieux de travail, et information simple et transparente relative aux affectations pour les gestionnaires locaux (système de codage par couleurs aux Philippines).

Source : Équipe spéciale internationale sur les enseignants, 2011.

L’encadré 3.8 présente le développement de l’enseignement à plusieurs niveaux comme une stratégie de répartition équitable. En règle générale, l’enseignement à plusieurs niveaux est une stratégie qui permet aux pays en voie de développement de répondre aux besoins éducatifs des zones rurales reculées et agricoles, où la population est peu nombreuse. Les données de l’ISU (2012) indiquent que dans certains pays d’Afrique subsaharienne, notamment au Burkina Faso, au Mali, au Niger, au Sénégal et au Togo, au moins 10 % des élèves étudient dans des classes à plusieurs niveaux. Au Tchad, près de la moitié des élèves sont scolarisés dans ces classes. Le plan stratégique du Cambodge pour le secteur de l’éducation vise à développer la formation aux méthodes d’enseignement à plusieurs niveaux pour les enseignants des établissements scolaires reculés, en donnant la priorité à ceux qui enseignent déjà dans des classes à plusieurs niveaux. L’idée est également d’élaborer un plan d’action annuel en matière d’enseignement à plusieurs niveaux dans les zones reculées et dans celles peuplées de minorités ethniques (UNESCO, 2014a).

3.3 Déploiement

3.3.3 Premiers déploiements