3.5.6 Violence en milieu scolaire

Dans de nombreux pays, l’enseignement est une profession à haut risque. Ces dernières années, les attaques visant des écoles, des enseignants et des élèves étaient fréquentes dans des pays tels que l’Afghanistan, la Colombie, la Géorgie, l’Inde, l’Iraq, le Népal, le Pakistan, la Palestine, la Thaïlande et le Zimbabwe. Les écoles et les enseignants peuvent être la cible d’attaques pour plusieurs raisons : empêcher l’accès à l’éducation, en particulier pour les filles ; cibler des apprenants, des enseignants ou des universitaires pour leurs opinions, leur activité politique, leur soutien aux droits de l’homme ou leur participation à des activités syndicales ; au cours d’opérations militaires ou de sécurité, ou dans le cadre de tactiques militaires ; pour enlever des enfants et des adultes et les forcer à rejoindre les rangs des rebelles ou de l’armée, ou pour fournir du travail ou des services sexuels forcés. Quelles que soient les motivations, ces attaques « impliquent l’utilisation délibérée de la force de façon à interrompre et décourager la fourniture ou l’accès à l’éducation » (UNESCO, 2010c : 27-28). Cette violence en milieu scolaire a de nombreuses conséquences pour les enseignants, par exemple :

  • conséquences physiques pour les individus, notamment des blessures et des pertes en vies humaines ;
  • dégâts matériels et destruction d’établissements scolaires, de matériel scolaire, de matériel pédagogique et d’apprentissage ;
  • effets psychologiques résultant de meurtres, de blessures, de tortures et de la disparition d’élèves, d’enseignants et du personnel, entre autres le traumatisme, la peur, l’insécurité, la démotivation et le découragement ;
  • peurs : d’aller à l’école pour les enfants, de les y envoyer pour les parents, de se rendre à leur travail pour les enseignants ;
  • effets négatifs sur le recrutement et la rétention des enseignants ;
  • fermetures d’établissements ;
  • limitation de la contribution de l’éducation au développement économique, politique et humain ;
  • attaques contre les syndicats du secteur de l’éducation empêchant les enseignants et leurs représentants d’influencer la prestation de l’éducation, ce qui sape la qualité de l’enseignement dispensé (UNESCO, 2010c : 27-28).

Les politiques adaptées au contexte visant à favoriser le soutien et la protection des enseignants constituent un élément de la réponse politique destiné à « promouvoir le respect des établissements scolaires et d’autres institutions d’éducation en tant sanctuaires et zones de paix afin de protéger l’accès à l’éducation » (UNESCO, 2010c : 36).

Les autres formes de violence en milieu scolaire, telles que la violence sexospécifique contre les apprenantes et les enseignantes et les châtiments corporels, sont perpétuées par les enseignants eux-mêmes : la violence sexospécifique détruit les chances d’apprentissage des filles et constituent un facteur du départ des femmes de la profession (UNESCO, 2014a : 266, 269). Une politique enseignante devrait inclure des dispositions destinées à conscientiser les enseignants par rapport à leurs rôles et responsabilités professionnelles et à établir des sanctions pour les enseignants qui ne respectent pas les codes de conduite professionnelle (voir aussi section 2.1.4). La politique devrait faire explicitement référence aux violences à l’égard des élèves ; les sanctions devraient tenir compte des droits juridiques des enfants et des cadres de protection et devraient être effectivement appliquées (UNESCO, 2014a : 303). Au Kenya, les nouveaux règlements de la Commission des enseignants, rédigés avec le soutien de syndicats d’enseignants, contiennent des dispositions condamnant à la radiation les enseignants coupables d’infractions sexuelles contre les élèves (UNESCO, 2014a : 269-270) (voir encadré 3.9).

ENCADRÉ 3.9 : BONNE PRATIQUE DU KENYA PORTANT SUR L’ÉLABORATION ET LA MISE EN ŒUVRE D’UNE POLITIQUE SUR LA VIOLENCE SEXOSPÉCIFIQUE PAR LES ENSEIGNANTS

La collaboration directe avec les syndicats d’enseignants est un moyen de rallier des soutiens afin de sévir contre les enseignants réfractaires aux codes de conduite professionnels. Au Kenya, l’équipe de plaidoyer du mouvement « Halte à la violence contre les filles en milieu scolaire » a collaboré avec la Commission des enseignants, le Ministère de l’éducation, le syndicat national des enseignants du Kenya et le Département de l’enfance, à la rédaction d’un projet de loi fondé sur une circulaire de la Commission des enseignants sur les abus sexuels. Le projet de loi vise à renforcer les procédures de signalement des cas d’abus ou de violences perpétrés par les enseignants, et à s’assurer que les enseignants condamnés ne font pas simplement l’objet de mutations vers d’autres établissements. La circulaire prévoit, en outre, que toute omission de déclaration ou toute tentative de couvrir un incident expose le contrevenant à des sanctions disciplinaires. Le syndicat, qui par le passé faisait souvent obstacle aux réformes, se montre désormais disposé à ne pas protéger les enseignants reconnus coupables d’une infraction, et une base de données centralisée a été mise en place pour suivre les enseignants condamnés pour des délits sexuels.

Source : UNESCO, 2014A : 270.

3.5.5 Comportement des élèves et discipline

3.5.7 Autonomie et contrôle