4.4.3 Mobilisation des enseignants

Les enseignants constituent les principaux acteurs des politiques enseignantes, et leur compréhension, leur acceptation et le soutien qu’ils apportent à celles-ci sont essentiels à leur mise en œuvre efficace. Le concept est inscrit dans la Recommandation de 1966, qui considère l’inclusion des enseignants et des organisations d’enseignants dans l’élaboration d’une grande variété de politiques éducatives – de même que les employeurs, les travailleurs, les parents et les autres acteurs – comme étant la pierre angulaire de l’élaboration d’une politique relative aux enseignants (OIT/UNESCO, 1966 : articles 9, 10k). La participation active des enseignants à l’élaboration et à la mise en œuvre de la politique et son « appropriation » par les enseignants contribuent au succès de toute réforme (OIT/UNESCO, 2003 ; OCDE, 2005 ; Yelland et Pont, 2014 : 35).

Ainsi qu’il a été souligné plus haut, le dialogue social avec les enseignants peut prendre différentes formes à diverses phases des étapes de formulation et de mise en œuvre.

  • Le partage des informations peut s’appuyer sur un vaste réseau de canaux de communications parmi les autorités éducatives et les enseignants, des réunions stratégiques de haut niveau avec les organisations d’enseignants sur toute la variété de politiques relatives aux enseignants, aux discussions sur le lieu de travail (école et salle de classe) qui concernent la mise en œuvre, entre autres des communications orales et écrites à des degrés de formalité variés.
  • La consultation, au cours de laquelle les autorités écoutent activement et respectueusement le point de vue des enseignants sans s’engager à tenir compte de leurs opinions, peut être formelle ou informelle, mais doit être au moins être utile. En d’autres termes, le processus de consultation doit vraiment offrir la possibilité de modifier les politiques en fonction des propositions formulées par les autorités/employeurs et les enseignants/syndicats qui participent au processus de consultation. Les sujets de la consultation peuvent porter sur des programmes de formation initiale et de perfectionnement professionnel des enseignants, l’évaluation des enseignants, les codes de conduite professionnelle ou éthique, l’organisation scolaire et les innovations dans l’apprentissage dans le cadre de réformes éducatives, et les infrastructures scolaires adaptées aux particularités des besoins d’apprentissage dans un pays ou un système. De nombreux pays de l’OCDE comptent avec succès sur des formes et des institutions de consultation sur ces questions pour élaborer leurs réformes des politiques éducatives et enseignantes (Asia Society, 2014 ; OIT, 2012 : 206-207 ; OIT/UNESCO, 1966 ; Yelland et Pont, 2014 : 36).
  • La participation, qui consiste à accorder aux enseignants un rôle dans la prise de décision à travers une structure de conseil ou de comité fondée sur l’école ou sur le système sans nécessairement supposer un accord négocié, représente une solution de compromis entre la consultation et la négociation. Les conseils de l’enseignement de nombreux pays ou d’autres organismes professionnels chargés de la définition des normes, tels que ceux qui existent aux États-Unis et en Afrique du Sud, sont des exemples d’engagement des enseignants dans des formes participatives d’élaboration de politiques (OIT, 2012 : 207-208 ; MacBeath, 2012 ; 109 – voir également le chapitre 3 sur les normes).
  • La négociation est un dialogue social qui prend souvent la forme de négociations collectives sur les conditions d’emploi, notamment les salaires et l’évaluation des performances, les heures de travail et les conditions en milieu de travail associées, qui ont des implications pour les autres politiques pédagogiques et d’apprentissage telles que le recrutement des enseignants et les REE/les effectifs de classe. La négociation est plus susceptible d’intervenir dans la traduction d’une politique en mesures que lors de son élaboration (OIT, 2012 : 203, 205, 206).

Pour que le dialogue social soit efficace, certaines conditions doivent être remplies (OIT, 2012 : 205-206) :

  • des organisations d’enseignants fortes, indépendantes, représentatives et démocratiques et, lorsque c’est bien organisé, des organisations d’employeurs du secteur éducatif, publiques ou privées ;
  • la volonté politique, la confiance et l’attachement de toutes les parties à s’engager dans ces processus, entre autres les autorités éducatives qui élaborent une politique, et les organisations d’enseignants qui ne sont pas toujours habituées à s’engager dans l’élaboration et l’application d’une politique, ou n’ont pas toujours la capacité de le faire ;
  • le respect des droits fondamentaux de liberté d’association et de négociation collective comme base d’un dialogue social institutionnalisé ;
  • des institutions de dialogue social, dans la mesure où des formes informelles ou ad hoc de dialogue social sont peu susceptibles d’avoir une incidence durable. Un cadre statutaire reposant sur des lois de conduite sociale dans leurs diverses formes est important, que ce soit pour des organismes consultatifs ayant des responsabilités et des structures définies (pour représenter des intérêts sur des questions telles que les programmes de formation des enseignants, les normes professionnelles et les programmes visant de meilleurs résultats d’apprentissage), ou pour la négociation collective sur les conditions d’emploi (telles que les salaires et les heures de travail aux niveaux national, local ou scolaire).

Diverses formes de dialogue social utilisées pour engager les enseignants dans le processus politique peuvent présenter un chevauchement considérable entre l’élaboration et la mise en œuvre de la politique (voir aussi chapitre 5). Il est par conséquent essentiel de planifier ces conséquences lors du processus d’élaboration, par exemple en adoptant une politique sur les salaires des enseignants qui anticipe le processus de négociation, lequel peut à son tour déterminer si la politique sera mise en œuvre, et comment. Si une consultation sincère peut s’avérer difficile et prendre du temps, une consultation symbolique et un processus bâclé peuvent mettre en péril l’efficacité de la mise en œuvre.

4.4.2 Planification stratégique globale

4.4.4 L’élaboration d’une politique fondée sur des données probantes (PFDP)