4.5 Calendrier et feuille de route

Ainsi qu’il a été indiqué plus tôt dans ce chapitre, le ME est un acteur clé de l’organisation du processus d’élaboration des politiques enseignantes. Au début d’un tel processus, le ministère clarifie les phases et les étapes du processus, désigne les organismes compétents à associer, fixe un calendrier et estime les coûts.

L’élaboration et la mise en œuvre des politiques (voir chapitre 5) représentent une entreprise coûteuse, complexe et qui prend du temps, aussi bien techniquement que politiquement. Prévoir un calendrier convenable est par conséquent essentiel pour s’assurer le soutien des enseignants et d’autres acteurs. Une feuille de route peut s’avérer utile pour décrire la façon dont les objectifs de la politique seront exécutés et réalisés. Par exemple, le Cadre stratégique intégré pour la formation des enseignants sud-africains a été planifié pour une exécution totale entre 2011 et 2025. Chaque objectif individuel compris dans cette politique possède son propre programme d’exécution spécifié, notamment un calendrier, des ressources et des objectifs.

Une liste claire des priorités d’une politique peut permettre de déterminer les calendriers et l’ordre dans lequel les activités visant à réaliser les objectifs de la politique doivent être menées. La réussite de certains objectifs politiques peut dépendre de la réalisation d’autres objectifs politiques. Par conséquent, les calendriers de certaines activités ou de certains objectifs politiques peuvent servir de base à d’autres objectifs. Les relations entre les différentes facettes d’un objectif politique doivent ainsi être bien analysées et comprises (Haddad, 1995 ; OMS, 2001 ; OIT, 2012).

La liste de contrôle qui figure au tableau 4.3 propose quelques questions clés auxquelles il convient de trouver des réponses lors de l’établissement d’un calendrier pour la feuille de route politique.

TABLEAU 4.3 : LISTE DE CONTROLE POUR L’ETABLISSEMENT D’UN CALENDRIER ET D’UNE FEUILLE DE ROUTE POUR UNE POLITIQUE ENSEIGNANTE
  • Ce qui doit être entrepris en premier est-il assez clair ?
  • Toutes les ressources nécessaires pour la mise en œuvre de la politique sont-elles en place ?
  • Le calendrier est-il réaliste et faisable ?
  • Existe-t-il une feuille de route claire pour la mise en œuvre de la politique ?
  • Tous les acteurs sont-ils informés de ce qu’ils doivent faire et des délais dont ils disposent ?
Source : adapté par les auteurs.

Nous concluons ce chapitre en proposant une étude de cas détaillée de l’élaboration de la politique enseignante de l’Afrique du Sud (encadré 4.11). L’Afrique du Sud constitue un exemple intéressant de processus d’élaboration d’une politique et des progrès réalisés jusqu’à nos jours, qui ressemble à bien des égards au cycle politique et au cadre de planification, y compris en ce qui concerne le chevauchement et les aspects non séquentiels, examinés dans le présent chapitre.

Le chapitre 5 porte sur les plans et les capacités des organisations pour mettre en œuvre une politique enseignante nationale convenue.

ENCADRE 4.11 : EXEMPLE DE PAYS – ELABORATION D’UNE POLITIQUE ENSEIGNANTE EN AFRIQUE DU SUD

Avant le changement démocratique important survenu en 1994, la formation et le perfectionnement des enseignants étaient fragmentés le long des lignes de l’apartheid. En 1995, un audit de la formation des enseignants a été effectué, lequel a souligné les effets des dispositions séparées, les obstacles à leur amélioration ainsi que les options pouvant permettre de les résoudre. La formation des enseignants était une prérogative provinciale avec 102 collèges éducatifs de diverses qualités, généralement mauvaise, notamment dans leur fonctionnement. L’audit a été suivi par l’adoption en 1996 des « Normes et standards en matière de formation des enseignants », lesquels décrivaient les compétences pour les qualifications des enseignants et les compétences minimales pour les types de qualification. Ensuite, cette adoption a été suivie en 2000 par les « Normes et standards pour les éducateurs dans l’éducation », grâce auxquels la formation des enseignants est devenue une compétence définie au niveau national, incorporant les 120 collèges éducatifs dans les établissements d’enseignement supérieur. Les nouvelles normes relatives aux compétences des enseignants délimitent sept rôles ainsi que des notions de compétences appliquées et intégrées. Le document décrit également le cadre des qualifications de la formation des enseignants conformément au Cadre national des qualifications. Plus important encore, ces documents ont mis l’accent sur les compétences et les qualifications, sans faire référence au contexte plus large des questions telles que l’offre, la demande et les évolutions dans le domaine de l’enseignement.

La rationalisation et la fusion des collèges sont survenues dans le contexte de fusion des établissements d’enseignement supérieur dans le pays. Bien que la fermeture des collèges et le fait de confier la formation des enseignants aux établissements d’enseignement supérieur avaient pour but d’améliorer la qualité et les normes, un certain nombre d’effets et de difficultés imprévus sont survenus. Parmi ceux-ci figurait la faible allocation de subventions aux facultés chargées de l’éducation, qui a donné lieu à une réduction des effectifs. Cette situation a conduit à une préoccupation croissante au cours des dernières années, en ce qui concerne la baisse de l’offre de nouveaux enseignants pour un système nécessitant des enseignants en plus grand nombre et de meilleure qualité, entre autres dans les disciplines présentant un déficit de compétences telles que les mathématiques, les sciences, la technologie, la phase de fondation et les nouveaux sujets introduits par le nouveau programme.

Il y a eu en outre des évolutions structurelles importantes : l’Education Labour Relations Council (le Conseil des relations de travail dans l’enseignement) a été créé pour négocier des accords entre les syndicats d’enseignants, qui ont des taux élevés d’adhésion (88 %), et l’État. Le Conseil a joué un rôle majeur dans diverses questions liées à la politique enseignante, telles que les salaires, les conditions de travail et l’évaluation des performances. Dans le domaine du perfectionnement professionnel des enseignants, cependant, les progrès ont été lents.

La deuxième structure importante créée est le national South African Council for Educators (SACE) (Conseil national sud-africain des éducateurs), qui est responsable de l’enregistrement professionnel des éducateurs et de leur code professionnel d’éthique. Le SACE a également travaillé sur la création d’un catalogue de formations de perfectionnement professionnel. Il a récemment reçu le mandat de gérer le système de perfectionnement professionnel permanent des enseignants, qui rendra obligatoire et reconnue la participation des enseignants au perfectionnement professionnel.

Toutes ces évolutions étaient importantes et indispensables, mais les principaux décideurs sur le terrain avaient le sentiment qu’une approche plus globale était nécessaire pour faire face à l’échelle et au rythme des questions qui se posaient. Par conséquent, un Comité ministériel sur la formation des enseignants (MCTE) a été créé en 2001. Un rapport complet en six volumes a été produit ; il présentait une vue de la situation à l’époque et proposait, pour examen, 42 recommandations de nature très diverse. Le rapport faisait état de discussions et de consultations circonstanciées avec les principales agences et parties prenantes dans le secteur. Le rapport du MCTE a été adopté par le ME et transformé en Cadre national pour la politique de formation et de perfectionnement des enseignants (NPFTED), qui a été approuvé en avril 2007. Le processus a pris douze ans à compter du début des discussions, après 1994.

Le NPFTED couvre un éventail de domaines dans la Formation professionnelle initiale des enseignants (IPET) et le perfectionnement professionnel permanent des enseignants, et comprend une section sur les systèmes d’appui à la formation et au perfectionnement des enseignants. La dénomination de ces deux domaines vise à souligner la professionnalisation envisagée des enseignants et une continuité forte entre la formation initiale des enseignants et leur perfectionnement continu dans la pratique. Le processus de création du NPFTED a aussi utilisé une approche de consultation large consistant en des présentations à différents niveaux de prise de décision au ME, dans les services nationaux et provinciaux de l’éducation, chez les syndicats et autres acteurs clés.

Le NPFTED couvre un éventail de domaines clés qui correspondent à ceux habituellement répertoriés dans l’élaboration des politiques, aussi bien en Afrique subsaharienne qu’au niveau international. Ce sont :

  • l’approbation et la reconnaissance des programmes de formation des enseignants pour l’emploi ;
  • les parcours de l’IPET vers la qualification ;
  • les campagnes de recrutement ;
  • la gestion de la qualité et l’assurance de la qualité ;
  • les systèmes d’appui à la formation des enseignants.
Pour plus d’informations : Sayed et Mohamed, 2010.

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Allez vers le Chapitre 5 Mise en œuvre.

4.4.6 Capacité des ME

Références