Voix de la Sierra Leone : Les expériences réelles des filles en situation de handicap à l'école



En Sierra Leone, les enfants porteurs de déficiences sont souvent laissés pour compte et regardés comme ne valant pas la peine d'être éduqués. Les filles sont exposées au risque d’être doublement pénalisées, en raison des discriminations liées au genre. 

Non seulement les filles porteuses de déficiences éprouvent des difficultés pour se rendre dans des écoles éloignées de leur domicile, mais, au sein même de l’école, elles sont souvent confrontées à un manque de toilettes accessibles et d'aide à l'hygiène, alors qu’équipements et assistance spécifiques sont souvent accordés en priorité aux garçons. 

Dans le cadre du projet « Éducation pour tous », Sightsavers a travaillé avec 45 écoles à travers le pays, afin de garantir que plus de 800 filles et garçons porteurs de déficiences puissent bénéficier d’une éducation.

Pour que notre travail soit le plus efficace possible, nous avons formé des enseignants et des parents d'enfants porteurs de déficiences en tant que chercheurs communautaires pour qu’ils puissent s’entretenir avec les enfants concernés et ceux qui se trouvent dans une situation comparable, afin d’identifier les obstacles qui les empêchent d'accéder à une éducation inclusive de qualité.


Voici ce que les enfants en situation de handicap, leurs parents et leurs enseignants nous ont dit au début du projet

« Les autres enfants se moquent toujours d'elle, parfois de façon cruelle. Ils lui demandent de ne pas s'asseoir à côté d'eux, car ils croient qu’elle pourrait leur transmettre sa déficience. Quand elle rentre à la maison, elle pleure et ne veut plus retourner à l’école. » Tenneh*, maman d'une écolière.

« Je veux devenir quelqu'un. Si je suis bien éduqué, mon avenir est plus prometteur. » Ibrahim*, écolier.


« Certaines pensent que ces enfants n'ont rien à offrir et qu'ils devraient être exclus des activités scolaires parce que, en fin de compte, ils ne peuvent rien réussir. » Aminata*, mère d'un écolier.

« Parfois, les enfants porteurs de déficiences se sentent esseulés lorsque leurs camarades les fuient, en raison de leur apparence physique ou de leur situation. Certains élèves vont jusqu’à les rejeter. » Abdul*, enseignant.


« J'ai du mal à marcher, et les gens se moquent de moi à cause de mon problème physique. » Fatou*, écolière.

« Ils ont besoin de toilettes adaptées. Les enfants ont du mal à utiliser les toilettes standard. » Michael*, père d'un écolier.


Et voici ce qu'elles/ils nous ont dit vers la fin du projet

« Les enfants porteurs de déficiences se sentent désormais très motivés. Ils estiment que le handicap n'est pas une incapacité. » Doris*, enseignante

« La mise en place de ce projet a donné à nos enfants un sentiment d'appartenance et ils se sont vus comme des humains. Les années précédentes, ils n'ont pas été traités comme tels, donc rien que cela constitue est un changement considérable. » Marai*, mère d'un écolier.

« Au début, les enfants porteurs de déficiences étaient considérés comme une cause perdue et ils se sentaient découragés, mais grâce à l'intervention de cette organisation, les parents ont repris espoir et ont réalisé que leurs enfants pouvaient réussir. La déficience ne signifie pas que les enfants ne peuvent pas réussir. » Musa*, enseignant.


« Nous avons constaté des changements impressionnants chez nos enfants. Avant, ils rechignaient à aller à l'école, mais le lancement du projet les a bien motivés, et pour moi, c'est un très grand changement. » Mariama*, mère d’un écolier.

« J'aime aller à l'école parce que chaque jour j'apprends des choses nouvelles et cela me sera utile plus tard. » Joseph*, écolier. 

« J'aime me rendre à l'école et me faire des amis. Les encouragements que je reçois des enseignants et de mes camarades de classe sont la raison pour laquelle j'aime venir à l'école. » Hassanatou*, écolier.


Comment notre travail a eu un impact positif

Dans le cadre du projet « Éducation pour tous », Sightsavers et ses partenaires ont adopté des mesures pratiques, telles que la formation des enseignants et l'adaptation matérielle des écoles pour les rendre plus accessibles. Nous avons également cherché à faire évoluer les mentalités dans le pays, ce qui s'est avéré avoir un impact positif.

Au début du projet, les participants ont noté que les enfants porteurs de déficiences étaient souvent considérés comme une cause perdue et étaient activement dissuadés de fréquenter l'école. À la fin du programme, tous les participants ont souligné que les enfants étaient traités avec plus de gentillesse, de compréhension et de respect.

Nous avons pris des mesures pour que les filles handicapées puissent accéder à l'éducation. Nous avons notamment mis en place un plan d'action en faveur de l'égalité des sexes, mis en œuvre par des enseignants et des membres de clubs de mères locaux. Nous avons également distribué des kits d'hygiène contenant des serviettes hygiéniques, des savons, du dentifrice, des brosses, des serviettes et des anti-transpirants, conçus pour contribuer à lever les obstacles à la fréquentation scolaire des filles, y compris pendant leurs menstruations.

Le projet a rencontré un vif succès. Il a montré qu’en alliant plaidoyer et mesures pratiques de soutien, les enfants porteurs de déficiences peuvent entrevoir un avenir bien plus souriant.

Les initiatives d'éducation inclusive de Sightsavers en Sierra Leone ont été financées par Irish Aid, la Commission européenne et la People's Postcode Lottery du Royaume-Uni.

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*Tous les noms ont été modifiés

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Source : https://www.ukfiet.org/2021/voices-from-sierra-leone-the-real-experiences-of-girls-with-disabilities-at-school/

Traduction par Apréli@ : http://aprelia.org

Photos : avec la gracieuse permission de Sightsavers : https://www.sightsavers.org/from-the-field/2020/12/voices-sierra-leone-girls-disabilities/


Modifié le: dimanche 20 février 2022, 16:38