Semaine 3 Identifier et diagnostiquer l’autisme

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3. Qu’est-ce que le diagnostic ?

3.2. DSM-5, CIM-10 et CIM-11

Le diagnostic, qu’il s’agisse d’une trouble physique ou psychologique, implique de comparer les symptômes d’une personne avec des critères diagnostiques qui précisent quels symptômes doivent être présents pour qu’un diagnostic spécifique soit approprié, en parallèle avec tout autre critère qui éliminerait ce diagnostic spécifique.

Il y a deux principales sources officielles pour le diagnostic de l’autisme, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, généralement connu sous le nom de DSM (l'acronyme anglais du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, publié par l’Association Américaine de Psychiatrie, APA) et la Classification internationale des maladies ou CIM (en anglais : ICD, International Classification of Diseases), publiée par l’Organisation Mondiale de la Santé, OMS. Le DSM est privilégié aux États-Unis alors que la CIM est largement utilisé en Europe, bien que les critères du DSM servent aussi très souvent de référence en Europe. Les deux systèmes sont également utilisés dans de nombreux pays à travers le monde. Cependant, la pertinence des critères « occidentaux » pour le diagnostic dans différentes cultures peut être questionnée, comme nous en discuterons plus loin dans le cours.

Comme vous l’avez appris dans les semaines 1 et 2, l’autisme comprend des caractéristiques « sociales » et « non sociales ». La façon dont elles sont utilisées comme bases pour le diagnostic dépend du système diagnostique utilisé. La CIM-10 (la dixième version de la CIM) fut introduite en 1992 (OMS 1992) et reflètait les opinions sur l’autisme de l’époque, y compris certaines idées qui vous sont peut-être familières, par exemple considérer le syndrome d’Asperger comme une sous-catégorie d’autisme. Le DSM-5 (la cinquième version du manuel) fut introduit en 2013 et reflète des idées plus récentes, y compris le retrait du syndrome d’Asperger comme une sous-catégorie séparée. Les détails de la CIM-11 ont été révélés en juin 2018. Après la présentation aux états membres de l’OMS en 2019, elle entrera en vigueur en 2022. Elle sera semblable au DSM-5 sur la plupart des aspects mais inclura certains éléments différents qui sont considérées comme des améliorations (Zeldovich, 2017). Le tableau 1 synthétise les différences clés entre la CIM-10 et le DSM-5, avec des notes additionnelles concernant la CIM-11. Pour tous les diagnostics d’autisme, une considération clée est si les symptômes observés sont suffisamment importants pour affecter le fonctionnement de l’individu au quotidien. Un clinicien peut décider, par exemple, que des problèmes légers de communication sociale chez une personne, ainsi que quelques comportements et intérêts restreints et répétitifs (CRR) ne sont pas suffisamment impactant pour mériter un diagnostic. 

Tableau 1

Différences entre la CIM-10 et le DSM-5, avec notes explicatives

 

CIM-10

DSM-5

Remarques

Quels sont les diagnostics possibles ?

Trois différents sous-types d’autisme :

autisme infantile ; syndrome d’Asperger ; troubles envahissants du développement – non spécifié (information insuffisante pour diagnostiquer un autisme ou syndrome d’Asperger)

Un seul diagnostic : troubles du spectre de l’autisme.

Dans la CIM-10, le « spectre » est divisé en trois sous-types. Le DSM-5 a abandonné les sous-types comme Asperger au profit d’un continuum (spectre) qui reflète la variabilité des symptômes et leurs manifestations. La CIM-11 reprend l’approche du DSM-5, mais différencie l’autisme avec et sans déficience intellectuelle, et avec ou sans trouble fonctionnel du langage

Quels sont les principaux types de symptômes ?

Trois :

Problèmes concernant :

1) communication

2) interactions sociales

3) comportements et interêts restreints et répetitifs (CRR).

Deux :

Problèmes concernant :

1) communication sociale

2) activités et intérêts restreints et répétitifs ; difficultés sensorielles.

Le DSM-5 et la CIM-11 fusionnent la communication et les interactions sociales en un ensemble symptomatique de communication sociale. Les cliniciens avaient eu du mal à catégoriser les symptômes comme l’une ou l’autre des catégories, tant les difficultés sont liées. Par exemple, si un enfant présente un langage limité (problème de communication), cela limitera presque inévitablement les interactions sociales.

Avant quel âge les symptômes doivent-ils être apparus pour remplir les critères diagnostiques ?

Pour l’autisme infantile (mais pas pour le syndrome d’Asperger), un « handicap fonctionnel » dans les interactions sociales ou dans l’utilisation du langage pour la communication, doit être apparu avant 3 ans.

Les difficultés de communication sociales et les CRR doivent avoir été présents dans la petite enfance : cependant, le « handicap fonctionnel » peut ne pas avoir été visible avant plusieurs années.

Les critères du DSM-5 tiennent compte des cas où les symptômes dans la petite enfance ne sont devenus manifestes qu’après l’âge de 3 ans. Cela permet d’intégrer ce qui été le syndrome d’Asperger dans un continuum de profils développementaux différents.

Les problèmes sensoriels sont fréquents dans l’autisme : comment sont-ils représentés dans les critères ?

Les critères de la CIM-10 n’incluent pas les problèmes sensoriels comme critère formel.

Le DSM-5 inclue les hyper/hyposensitivités sensorielles comme faisant partie de l’ensemble de symptômes « non sociaux » CRR. 

Les preuves que les difficultés sensorielles sont présentes chez une majorité de personnes autistes ont convaincu les groupes de travail du DSM-5 de les intégrer comme critère diagnostique. La CIM-11 a fait de même.

Comment les différences des symptômes et leur sévérité sont-elles représentées dans le diagnostic ?

Principalement à travers l’utilisation des trois sous-types.

L’évaluation de la sévérité (niveau 1, 2 ou 3) est une partie intégrante du diagnostic.

Les scores de sévérité du DSM-5 devraient aider les cliniciens à éviter les termes confus de « haut-niveau » et « bas-niveau ».

Comment les problèmes additionnels en plus des principaux ensembles symptomatiques sont-ils pris en compte ?

Dans la CIM-10, les problèmes tels que l’épilepsie ou la dyslexie sont notés comme caractéristiques cliniques en plus des symptômes principaux.

Dans le DSM-5, les problèmes tels que l’épilepsie, la dyslexie ou la déficience intellectuelle, sont combinés au diagnostic de la personne comme « spécificateurs » - des problèmes additionnels qui peuvent aider à caractériser le cas d’un individu.

L’objectif des spécificateurs est de rendre chaque diagnostic aussi précis et spécifique que possible pour la personne. La CIM-11 adopte des principes similaires mais traite l’autisme avec et sans déficience intellectuelle, ainsi que de l’autisme avec ou sans trouble fonctionnel du langage comme sous-diagnostics distincts.

Activité 2 : Symptômes additionnels significatifs

Durée : environ 5 minutes

À l’aide du feedback de l’activité 1, pouvez-vous identifier un comportement ou plus soulignés par les parents mais non inclus dans les critères diagnostiques principaux de la CIM-10 ou du DSM-5 ?

Notez votre réponse.

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Réponse

Plusieurs parents rapportent les problèmes de sommeil de leurs enfants. Charlotte, la mère de Georges, mentionne son développement moteur précoce et sa mémoire exceptionnelle pour les mots et les phrases.

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