Semaine 4 Expliquer l’autisme : esprit et cerveau

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2. Psychologie de l’autisme : aborder les caractéristiques sociales

2.1. Théorie de l’esprit

Dans les années 1980, les chercheurs Simon Baron-Cohen, Uta Frith et Alan Leslie ont cherché à examiner pourquoi les enfants et adultes autistes semblaient avoir tendance à mal comprendre les situations sociales, et étaient souvent considérés comme n’ayant pas conscience des sentiments des autres personnes. Ils ont créé un ingénieux test psychologique qui suggérait que la plupart des enfants autistes avaient une grande difficulté à « se mettre à la place de l’autre », c’est-à-dire à comprendre que les autres ont des pensées, connaissances, croyances, désirs et buts qui peuvent différer des leurs. Cette difficulté à comprendre les pensées et points de vue des autres est connue sous le nom légèrement problématique de théorie de l'esprit (l'acronyme anglais est ToM pour « theory of mind») (Baron-Cohen, Leslie et Frith, 1983).

Depuis que la théorie a été proposée dans les années 1980, elle a stimulé un énorme volume de recherche et a influencé l'approche à l'autisme au sein de nombreuses organisations, notamment la National Autistic Society du Royaume-Uni, Autism Speaks aux États-Unis et d'innombrables autres. Elle a également influencé les représentations médiatiques et fictives de l'autisme. Donc il est important de comprendre les principes de base de cette théorie et les résultats sur lesquels elle repose. Cependant, les résultats de la recherche ont également été remis en question et, ces dernières années, l'approche de la théorie de l'esprit a été contestée, tant par quelques chercheurs que par des membres de la communauté des autistes.  Nous examinerons certaines de ces critiques plus loin.