0.2. L’alimentation, tellement d’autres choses aussi !

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Dans la vie quotidienne, comprendre les enjeux climatiques ne suffit pas à les prendre en compte. Trop de problèmes concrets restent insolubles, trop d’autres priorités leur font concurrence.

La formation apporte les connaissances nécessaires pour avoir un regard critique sur les nombreuses questions pratiques qui se posent lorsqu’il s’agit de réduire l’impact climatique de son alimentation, et définir comment y répondre lorsque cela est pertinent. Devenir végétarien est-il une solution ? Vaut-il mieux devenir locavore ? Faut-il viser le « zéro déchet » ?

Elle apporte également les informations nécessaires pour répondre à d’autres questions plus rarement posées, mais au moins aussi importantes : peut-on éviter les étiquettes (« végétarien », « locavore ») et les conflits qui vont avec ? Comment manger des légumes avec plaisir et sans y passer trop de temps ? Quels sont les ingrédients à avoir dans ses placards ?

Cependant, nous ne mangeons pas pour sauver le climat. Nous ne mangeons pas en pensant constamment aux conséquences pour la planète de nos choix de consommation, mais en nous plaçant dans un cadre où bien d’autres priorités interviennent.

C’est ce qu’illustre cette représentation, désuète mais instructive, d'un repas traditionnel en France dans les années 1950.

Figure 2. Le repas en famille

Un repas familiale vers 1950

Source : Ville de Paris / Bibliothèque Forney


Nous souhaitons généralement manger avec plaisir, et pas seulement par nécessité. C'est ce qu’exprime la fillette qui cache son visage derrière son bras et son assiette derrière son dos : non, je ne mangerai pas de cette dégoûtante soupe ! Ce critère du plaisir gustatif est bien le premier à prendre en compte.

Nous mangeons souvent avec d’autres, par tradition ou par goût, car la nourriture est un lien social. Cela reste vrai, même si le couple sans enfant, le parent solo avec ses enfants, les colocataires, les collègues, la personne qui fuit la solitude avec la télévision ou les réseaux sociaux ont remplacé le modèle familial très traditionnel de l'illustration. Adopter un régime alimentaire qui néglige ce lien social est très difficile dans la longue durée.

Que nous fassions ou pas la cuisine, que le repas arrive par l’intermédiaire d’un livre de recettes ou d’un livreur, ce que nous mangeons a généralement été imaginé par d’autres. Nous nous nourrissons en fonction des modèles proposés par notre époque, dans les restaurants, les médias, les réseaux sociaux, mais aussi les campagnes de santé publique et les recommandations nutritionnelles. Hier comme aujourd'hui, les enfants doivent "manger des légumes" et un repas se conçoit difficilement sans viande. Au minimum, un régime alimentaire doit respecter les besoins nutritionnels et être compatible quand cela est nécessaire avec les modèles existants.

L'équipement de la cuisine joue un rôle important dans le choix des plats. Cette cuisine des années 1950 ressemble aux nôtres de ce point de vue, elle est propre et dotée d'équipements modernes. Dès le début, ils visaient à faire gagner un temps précieux, probablement la deuxième priorité pour la cuisine domestique !

Enfin, ce à quoi nous avons accès dépend de notre budget et de la nature des commerces dans notre voisinage. Nous ne sommes pas égaux de ce point de vue, mais des solutions existent pour trouver presque partout un approvisionnement satisfaisant et abordable pour la plupart des foyers, à condition d’adapter son régime alimentaire.

La formation proposée apporte les compétences pratiques indispensables pour évoluer tout en prenant en compte, autant que possible, l’ensemble de ces dimensions, et lorsque c’est nécessaire, trouver des compromis en connaissance de cause. Elle s’appuie sur les résultats d’un travail de recherche en sociologie portant sur les pratiques (d’achat, d’organisation…) favorisant la consommation de légumes (Huyard 2020a) (Huyard 2020b).

L'objectif est bien une réduction pérenne de l’impact climatique de l’alimentation, sans effort permanent de volonté, sans limite de durée. Pour réussir un tel changement, il faut de l’organisation, et cela implique deux choses : un cadre matériel et du temps.

La formation donne donc des indications pour créer un cadre soutenant à différents niveaux : disposer d’un matériel de cuisine qui facilite la vie tout en étant abordable, et identifier des lieux d’approvisionnement d’une qualité adaptée à des prix raisonnables.

La formation propose également des pistes pour faciliter la gestion du temps et prendre de nouvelles habitudes. Les habitudes sont une manière très efficace de réduire les efforts au quotidien, mais elles ne s’installent que progressivement, en plusieurs semaines, souvent plusieurs mois. Alors : doucement ! Il ne sert à rien de chercher à brûler les étapes. Mieux vaut au contraire avancer lentement mais sûrement.

Une équilibriste