1.7. Des actions utiles, mais aux effets moins nets : réduire le gaspillage, manger bio, faire soi-même

On rencontre fréquemment 3 autres recommandations :

  • réduire le gaspillage

  • privilégier les produits issus de l’agriculture biologique

  • faire soi-même

Faut-il les suivre aussi ?


Limiter le gaspillage ? Une glace en train de fondre


Réduire le gaspillage relève du bon sens, mais il est difficile de savoir si cela aura un impact important. En effet, les pertes sont élevées à l’échelle mondiale le long de la chaîne de production, mais les pertes réalisées au domicile des consommateurs en Europe n’en représentent qu’une petite partie.

Les estimations des pertes le long de la chaîne de production de l’alimentation sont variables selon les pays, avec des chiffres parfois considérables, de l’ordre de 30 % à l’échelle mondiale (Stenmarck et al. 2016). Dans l’Union Européenne, les pertes moyennes par ménage concernant la nourriture préparée au domicile sont estimées à environ 92 kg par ménage et par an en moyenne (Stenmarck et al. 2016).

Pour la France, une étude de l’Ademe (« Pertes et gaspillages alimentaires : l’état des lieux et leur gestion par étapes de la chaîne alimentaire » 2016) indique qu’en 2016, à partir d’un échantillon de ménages volontaires étudié pendant une semaine, les pertes au domicile pouvaient être estimées à 29 kg par an, dont un tiers de fruits et légumes, un quart de produits laitiers, 13 % de pain et 11 % de viande. Ces pertes se répartissaient comme suit : 55 % pour les restes de repas, un tiers pour des produits périmés ou jamais entamés, et 10 à 15 % pour des pertes lors de la préparation des repas (épluchures et autres). Ces 29 kg sont à rapprocher de la consommation alimentaire quotidienne des Français : une personne ingère en moyenne 2,4 kg d’aliments (aliments solides et boissons) par jour (Barbier et al. 2019), soit 876 kg par an. Le gaspillage représenterait alors entre 3 % (étude de l’Ademe) et 10 % (moyenne européenne) de la nourriture consommée durant une année.

Une ampoule s'allume au-dessus de la tête de quelq'un

6 astuces pour réduire le gaspillage des aliments


Je conserve bien et prépare rapidement mes légumes et fruits. Pour m'aider, je peux utiliser 2 documents.

Je peux imprimer les tableaux de durée de conservation (Document PDF333.2 Ko) , par ordre alphabétique et par durée.

Je peux imprimer un schéma qui indique où et comment conserver (Document PDF626.6 Ko) quel type d'aliment au retour des courses.

Quelqu'un creusePour approfondir, je peux consulter une fiche qui donne les justifications des modes de conservation (Document PDF436.1 Ko) .

J’accroche une feuille de suivi sur mon réfrigérateur pour respecter le principe « premier entré, premier sorti » : je note simplement quel reste j’ai mis au réfrigérateur quel jour

Je fais preuve de « soin culinaire » (Daveau, Luzeau, et Baranger 2014) : je cuisine de bons produits, à partir d’un répertoire de plats équilibrés et simples que je maîtrise bien et d’ingrédients variés. J'aurai plus de scrupules à gaspiller de bons produits, et j'évite les expérimentations hasardeuses qui risquent de finir à la poubelle.

Si j'ai des restes de repas et que je ne sais pas quoi en faire, je peux trouver des idées dans le livret "Reste !" proposé par l'association Les Anges Gardins.

Enfin, le gaspillage, c’est aussi le gaspillage d’énergie lorsque l’on prépare les aliments à la maison. Un peu de vigilance lors de la cuisson permet de réduire ce gaspillage, et la facture de gaz ou d’électricité :

  • Je mets un couvercle sur mes casseroles lors de la cuisson – l'énergie nécessaire peut être divisée par 4 !
  • Je surveille la durée de cuisson des aliments – inutile de cuire trop longtemps !
  • Je mets à cuire les bonnes quantités de nourriture et d’eau – inutile de chauffer trop !
  • Je réserve la cuisson au four aux grandes quantités – cet appareil est dimensionné pour une dinde (Shove 2003) !


Manger bio ? Un magasin d'alimentation biologique


L’évolution vers l’agriculture biologique suscite des débats. La FAO met en avant deux bénéfices de l’agriculture biologique pour le climat, en plus de ses bénéfices pour l’eau et les sols (http://www.fao.org/organicag/oa-faq/oa-faq6/en/) :

  • une réduction de la consommation d’énergie par une réduction de l’utilisation d’engrais azotés de synthèse (dont la production est en outre émettrice de GES) et de produits phytosanitaires dont la production est énergivore.

  • une plus grande capacité à séquestrer du carbone dans le sol (moins de travail du sol, restitution des résidus de culture, utilisation de cultures de couverture et de rotations, culture de légumineuses qui fixent l’azote dans le sol).

De plus, l’agriculture biologique favorise une plus grande biodiversité (de 30 à 50 % plus d’espèces différentes ou plus d’individus) (Tscharntke et al. 2021). Certaines certifications complémentaires en agriculture biologique (Biocohérence, Demeter) demandent qu’une proportion des surfaces agricoles soient maintenues ou restituées en habitat semi-naturel (haies, lisières), ce qui est une mesure importante pour préserver la biodiversité (Tscharntke et al. 2021).

Mais beaucoup d’études soulignent que les rendements sont plus faibles (de 10 à 25%), ce qui peut amener à un déboisement plus important pour mettre en culture des terres supplémentaires ; d’autres études mettent en avant le fait que les besoins des cultures en azote pourraient être difficiles à couvrir (Meemken et Qaim 2018).

Pour qu’une transition vers l’agriculture biologique soit neutre du point de vue du climat, il faut que deux autres évolutions aient lieu également :

  • une forte réduction de la consommation d’aliments d’origine animale et
  • une forte réduction des pertes (au niveau mondial, elles sont estimées à 30 % de la production), de façon à ce que moins de surface soit requise pour la production agricole (Muller et al. 2017).

Dans le cadre d’une alimentation dans laquelle la part des produits d’origine animale est réduite, choisir des produits issus de l’agriculture biologique présente au quotidien de l’intérêt sur deux plans différents :

  • un gain de temps : les fruits et légumes peuvent être consommés sans épluchage, alors qu’il vaut mieux enlever la peau qui concentre les pesticides des fruits et légumes issus de l’agriculture conventionnelle (Couderc, Daveau, et Coutin 2019) ;

  • la prévention de certaines maladies chroniques : des études fondées sur la cohorte NutriNet indiquent qu'une alimentation essentiellement issue de l'agriculture biologique réduit le risque de surpoids (Kesse-Guyot et al. 2013), de syndrome métabolique (combinaison de caractéristiques cliniques incluant hypertension et obésité abdominale et qui augmente le risque d'accident cardiovasculaire) (Baudry et al. 2018) et de diabète de type 2 (Kesse-Guyot et al. 2020). Ces résultats sont « toutes choses égales par ailleurs », c’est-à-dire qu’il a été vérifié qu’ils n’étaient pas attribuables à d’autres différences comme l’âge, l’activité physique, le niveau d’éducation, le fait d’être fumeur, les apports énergétiques, un régime restrictif et la conformité aux recommandations nutritionnelles.Une hypothèse avancée est que le corps produirait des cellules graisseuses pour emprisonner les polluants (issus des résidus de pesticides) et réduire leurs effets toxiques potentiels (Desmurget et Tricot 2017).


Une personne plante un clou avec un marteau  Faire soi-même ?

Comme nous l’avons vu dans le cas des fruits et légumes frais vendus pré-découpés, la préparation industrielle des aliments implique des étapes intermédiaires de réfrigération et de transformation qui sont elles-mêmes émettrices de gaz à effet de serre (Garnett 2014). C’est pour cette raison qu’il vaut mieux éviter les aliments surgelés et les plats préparés.

Cependant, pour les produits comportant moins d’étapes de transformation (pain) ou des modes de transformation anciens (appertisation pour les conserves), l’avantage peut être aux produits industriels, qui bénéficient d’installation de production plus efficaces et donc moins consommatrices d’énergie (Andersson et Ohlsson 1999).

Dans tous les cas, un point essentiel à avoir en tête est l’impact de la production agricole. C’est en fait ce qui pèse le plus, comme nous l’avons déjà vu. La composition des repas est déterminante, et l’important est de privilégier les aliments peu émetteurs, qu’ils soient faits maison ou pas.

Activité

Dans mon carnet, je note les actions que je fais déjà, les conséquences que j'en attendais et celles que j'en attends maintenant.

Je note ensuite les actions que je souhaite engager et mes raisons pour le faire.