1.5. L'alimentation a-t-elle d'autres effets sur l'environnement ? Les atténue-t-on aussi en réduisant l'impact climatique ?
L’alimentation a un impact majeur sur :
- la destruction de la couche d’ozone (émission de protoxyde d'azote par mauvaise synchronisation entre l'apport d’azote par fertilisants minéraux ou organiques et l’utilisation de cet azote par les cultures),
- l’eutrophisation (déséquilibre d'un milieu par accumulation de nutriments) et
- l’écotoxicité (contamination d'un milieu par une substance qui peut avoir des effets négatifs).
L'alimentation représente plus de 70% du total de chacun de ces impacts (CEU. JRC.
2019). Ces impacts sont surtout dus aux pratiques agricoles, souvent
au niveau de l'exploitation. Il est difficile d'avoir une action sur
ces impacts précis en tant que consommateur ou consommatrice.
Il y a cependant convergence avec l’objectif climatique, car la réduction de la consommation de produits d’origine animale va dans le sens d’une réduction de ces impacts (
).
L’agriculture contribue aux pertes de
biodiversité par la destruction d’habitats et par une utilisation intensive d'intrants (engrais et pesticides) (Steinfeld et al. 2006).Mais elle peut aussi contribuer à maintenir ou améliorer la biodiversité localement, en
restaurant des habitats semi-naturels (haies, lisières, zones
humides) (Tscharntke et al. 2021).
Le cahier des charges de quelques certifications complémentaires en
agriculture biologique inclut la restauration de tels habitats, qui
doivent représenter au moins 10% de la surface agricole utile de
l'exploitation : Démeter, Biocohérence, par exemple.
Il y a convergence avec l’objectif climatique, car ces habitats sont des puits de carbone.
La surpêche reste un problème malgré des progrès ces dernières années : la part des stocks gérés de manière durable continue à diminuer (The State of World Fisheries and Aquaculture 2020).
Il n’y a pas convergence avec l’objectif
climatique, car les produits de la pêche sont considérés comme peu
émetteurs de gaz à effet de serre. Dans la formation proposée ici,
le choix a cependant été fait de ne pas inclure le poisson et les
produits de la pêche dans les aliments à privilégier et à savoir
cuisiner, pour ne pas aggraver un problème en cherchant à en
résoudre un autre.
Et
le bien-être animal ?
De meilleures conditions d’élevage se traduisent parfois par une augmentation des émissions de GES (en partie parce que les animaux vivent plus longtemps), mais ce n’est pas systématique.
Plusieurs facteurs interviennent et se combinent (composition, mode de production et provenance des aliments, gestion des déjections, gestion des bâtiments, gestion des parcours extérieurs, durée de vie des animaux...). Les explications avancées lorsque les émissions sont supérieures pour l’élevage biologique sont que la surface réglementaire est plus importante, la durée de vie des animaux est plus longue, et leur productivité est plus faible ; lorsque les émissions sont plus faibles, cela serait attribuable aux émissions plus faibles de la nourriture des animaux (interdiction des formulations contenant de la viande, interdiction des engrais azotés dans la culture des végétaux utilisés comme aliments, approvisionnement à plus courte distance) (
).Tableau 2. Émissions de GES par animal selon le mode d’élevage
Œufs : Ministère de l’agriculture, https://agriculture.gouv.fr/le-bien-etre-et-la-protection-des-poules-pondeuses
Poulet de chair : Académie d’Agriculture de France, https://www.agri-mutuel.com/wp-content/uploads/2021/01/final_s03-01-08_filiere_avicole.pdf
Émissions de GES : « Documentation des facteurs d’émission de la Base Carbone ». 2014. Version 11.0.0. Ademe.