1.3. Quelle est la répartition des émissions du champ à l’assiette ?
Les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) liées à l’alimentation en France s’élevaient à 163 Mt d’eqCO2 en 2012 (Barbier et al. 2019). Cela représente 2,4 tonnes d’eqCO2 par personne en moyenne.
Figure 1. Les émissions de GES de l’alimentation en France par secteur
Le schéma montre la répartition des émissions de GES du champ à l’assiette :
"Agriculture" correspond à la production et à 66,6 % des émissions(108,8 Mt sur 163 Mt), ce qui fait de la production l'étape la plus émettrice, et de loin,
"IAA" correspond à l’étape de transformation par l’industrie agro-alimentaire et à 5,6 % des émissions
"Transport de marchandises" correspond au transport vers les lieux de vente et à 13 ,5 % des émissions,
"Transport des ménages" correspond aux déplacements des ménages pour faire les courses ou manger hors de leur domicile et à 5 % des émissions,
"Grande distribution, restauration hors domicile (RHD) et commerces" correspond aux émissions des lieux de vente et à 4,7 % des émissions,
"Consommation au domicile des ménages" correspond aux émissions de la préparation des repas à domicile et à 4,5 % des émissions.
Activité : observer le graphique
Quelle étape représente à elle seule les deux tiers des émissions ?
Quelle est la deuxième étape la plus émettrice après celle qui représente les deux tiers des émissions ?
Quel sont les deux principaux gaz émis lors de la production ?
Les réponses à ces questions sont dans la suite du texte.
Production
La production est responsable de la plus grande part des émissions de GES, dans la mesure où les deux tiers de l’empreinte carbone de l’alimentation peuvent lui être attribués.
Ces émissions proviennent de trois gaz : méthane pour 44%, du protoxyde d'azote pour 34% et du dioxyde de carbone pour 22%.
Transformation
La transformation industrielle des produits agricoles émet 9,1 Mt eqCO2. C’est 10 fois moins que la production agricole.
Transport
Le transport routier (hors déplacements des
ménages) émet 22 Mt eqCO2, c’est le deuxième poste d’émissions
après la production, soit 13,5 % du total des émissions liées
à l’alimentation. Un tiers
de ces émissions correspond au transport d’aliments pour les
animaux. La majorité de ces émissions (80%) provient du
transport routier. Pour réduire les émissions liées au transport, il faut donc manger moins de viande !
Les déplacements des ménages pour les achats alimentaires et la restauration hors domicile émettent 8,5 Mt eqCO2. Cela représente en moyenne 1 360 km/personne/an.
Commerce, distribution, restauration à domicile
et hors domicile
La distribution et la restauration émettent 15 Mt eqCO2. Les gaz fluorés (HFC) utilisés pour la réfrigération sont responsables d’une partie de ces émissions.
Et aussi...
Ces chiffres ne prennent pas en compte un poste important d’émissions, le changement d’affectation des sols (ou UTCATF pour Utilisation des terres, changement d’affectation des terres, forêt).
Le secteur agricole est particulier, car ses
émissions de gaz à effet de serre peuvent être positives ou
négatives, du fait du
cycle de croissance des plantes. Les plantes absorbent du dioxyde de
carbone de l’atmosphère et le fixent dans leur structure (bois,
feuilles) ainsi que dans le sol, mais elles restituent ce dioxyde de
carbone lorsqu’elles meurent ou lorsque le sol est à nu et que les
organismes vivants qui y résident meurent. Les émissions de gaz à
effet de serre du secteur agricole vont donc dépendre aussi de
l’évolution du stockage de longue durée du dioxyde de carbone
dans les sols et dans les végétaux, en particulier dans les forêts
qui constituent des puits de carbone (Trotignon 2009). Ainsi, en
Europe, les sols stockeraient
environ 300 Mt d’eqCO2 (Petrescu et al. 2020). En France, la
surface nécessaire à l’alimentation de la population française
(26 Mha), est très légèrement inférieure à sa surface agricole
(28 Mha), et plus de 80 % de cette surface est mobilisée pour
la production de viande et de lait
(Barbier et al. 2019).
Figure 2. Affectation de la surface agricole utile
Source : Barbier (2019)
Ces deux graphiques ne se recoupent pas : toute la surface agricole française n'est pas destinée à la population française, car une partie est exportée ; toute l'alimentation de la population française n'est pas fournie par l'agriculture française, car une partie est importée.
Les auteurs du rapport d'où est tirée la figure 2 précisent : "Les prairies et cultures fourragères représentent la moitié de la
surface agricole, à laquelle s’ajoutent les surfaces céréalières
pour l’alimentation animale. […] [La consommation de viande et de
lait mobilise] la totalité des prairies et des cultures fourragères,
mais également la majorité de la surface dédiée aux céréales
(orge, maïs grain, avoine, blé, etc.), des co-produits et
sous-produits des filières oléagineuses (tourteaux) et de certaines
filières industrielles (son de céréales, pulpe de betterave),
auxquels s’ajoute notamment la production de tourteaux de soja
importés." (
Pour
améliorer les possibilités de séquestration de carbone, il faut faire évoluer
cette situation, et mettre
des surfaces supplémentaires à la disposition de la croissance des
forêts (et de leur absorption de dioxyde de carbone au cours de la
croissance des arbres et de l’accumulation d’humus dans le sol).