0.3. Quel est le point de départ ?
Actuellement en France, les émissions moyennes de l’alimentation sont d’environ 2,4 tonnes équivalent CO2 par personne et par an, ce qui signifie simplement que, pour nourrir une personne pendant un an, l’équivalent de 2,4 tonnes de CO2 sont émises (en différents gaz, principalement méthane, protoxyde d’azote et dioxyde de carbone).
Est-ce beaucoup ? Les émissions totales par personne en France sont actuellement d’environ 11 tonnes d’équivalent CO2, qu’il faudrait ramener à moins de 2 tonnes (toujours au total, incluant l’alimentation mais aussi transport, bâtiments...) pour contenir le réchauffement à 2°C (ce qui est moins ambitieux que l’objectif de neutralité carbone). Cela revient à viser une division par 6 des émissions totales. En appliquant cette règle de manière homogène, il faudrait que les 2,4 tonnes d’émissions liées à l’alimentation passent à 0,4 tonnes ou 400kg. C’est accessible, en acquérant et mettant en œuvre les bonnes compétences.
Voici un graphique qui donne une idée de là où nous en sommes collectivement, à l’échelle de la population française. Si je veux regarder le détail de la répartition, il se trouve dans ce
.Figure 3. Répartition des émissions dans le régime moyen français
Source : l'auteur, données réunies à partir de publications de FranceAgriMer et l’Ademe
Ce graphique est réalisé à partir de données sur les achats des ménages français, pour la consommation à domicile et hors domicile. Comme toutes les données, celles-ci sont incomplètes et parfois approximatives, mais elles présentent l’intérêt d’avoir une base relativement fiable, au contraire des données fondées sur les déclarations des personnes.
En tête des aliments contributeurs au dérèglement climatique, on trouve les viandes de bœuf, veau, mouton et agneau. Elles représentent environ un tiers des émissions (33%) à raison de 68g par jour. Pour une masse comparable (60g), la volaille ne représente que 5,5 % des émissions, soit 6 fois moins ! Il est évident que se passer de viande de ruminants permet un gain rapide. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’il faut nécessairement se passer complètement de viande en général, contrairement à ce qu’on entend souvent.
La deuxième contribution la plus importante (16,5 % des émissions) est celle d’aliments que l’on peut qualifier d’aliments d’agrément. Pas indispensables du point de vue nutritionnel, ils sont de petits plaisirs du quotidien : boissons non alcoolisées (471g par jour de sodas, jus de fruits, eaux en bouteille), boissons chaudes (24g par jour de poudre ou feuilles pour le café ou le thé), alcools (185g par jour de vin, bière ou autre), et sucreries (75g par jour de pâtisseries, entremets, confiseries, chocolat, et sucre).
La troisième place revient aux produits laitiers (14 % des émissions) : fromages (41g), yaourts (69g), lait (100g), beurre et crème (32g).
En quatrième place, on trouve le porc (95g de viande et charcuterie) à l’origine de 13 % des émissions, en cinquième place, les produits de la mer (84g de poisson, crustacés, mollusques) à l’origine de 9 % des émissions, en sixième place, la volaille (60g) à l’origine de 6% des émissions, puis les fruits et légumes (389g) à l’origine de 4 % des émissions, les féculents (220g de pâtes, riz, pommes de terre, pain, lentilles…) à l’origine de 2,5 % des émissions et les œufs (40g) à l’origine de 1,5 % des émissions.
Bien sûr, ma situation personnelle et celle de mon foyer peuvent différer fortement. Si je veux en faire une première estimation, je peux utiliser ce tableau, en ods. ou . Il suffit que j’indique ma consommation hebdomadaire de chaque catégorie d’aliment dans la colonne "C", et automatiquement les émissions, leur répartition et leur total seront calculés.